Le parti Talaïe El-Houriat souligne que ce n'est pas au gouvernement de faire les choix politiques à la place des partis. Ahmed Adimi, le porte-parole de Talaïe El-Houriat, le parti de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, n'y est pas allé de main morte pour fustiger le projet "liberticide" proposé par le ministre. Il a signé hier une déclaration fort virulente à l'encontre du gouvernement : "La décision prise par Talaïe El-Houriat de ne pas participer à la prochaine échéance législative a manifestement fait très mal au régime politique en place. Après trois éditoriaux produits sur commande, coup sur coup, par son organe officieux et ciblant directement notre parti et son président, voilà que le ministre de l'Intérieur lui-même monte au créneau et se distingue par des déclarations, à tout le moins, affligeantes et très peu inspirées." Il dénonce notamment à travers ces déclarations "une vision paternaliste de l'opposition, une infantilisation de l'action politique et une transformation des élections en transaction". Cela dit, le porte-parole de Talaïe El-Houriat n'a pas été surpris, outre-mesure, par ces velléités de museler toute contestation politique en Algérie : "De telles déclarations ne surprennent pas car elles émanent d'un régime politique qui n'est jamais autant inspiré, créatif et imaginatif que lorsqu'il s'agit de brimer les libertés, de restreindre les droits civiques et politiques et de vider le pluralisme politique de son sens et de sa raison d'être." Pour le porte-parole de Talaïe El-Houriat, "la création de partis politiques n'est pas une aumône dont s'acquitte l'administration au profit des citoyennes et des citoyens. (...) Non contents de soumettre déjà les partis politiques à tous ces diktats, nos gouvernants annoncent, sans le moindre sens de la mesure, leur intention de faire les choix politiques à leur place et de les contraindre à prendre part à des compétitions politiques opaques, injustes et déloyales et à être présents dans des scrutins marqués du sceau des faux et de l'usage du faux et de l'arbitraire". Il semblerait ainsi, à en croire Ahmed Adimi, que les autorités craignent, par-dessus tout, à quelques semaines des législatives, un "non-événement" électoral : "Le régime politique en place excelle dans l'intimidation et la menace, mais l'intimidation et la menace, seules, ne suffiront jamais à rendre les élections moins problématiques et moins controversées dans notre pays." Il est vrai que le désintérêt des Algériens pour la chose publique, largement constaté, n'est plus à démontrer. L'abstention, cette tendance lourde ne fait, en effet, que se confirmer de scrutin en scrutin. Le communiqué de Talaïe El-Houriat tente même d'expliquer ce phénomène : "La participation ou la non-participation aux processus électoraux est un mal récurrent de notre système politique. Ce phénomène (...) s'explique par la tricherie politique et la fraude électorale notoires dont sont systématiquement entachés tous ces processus." Ainsi, si les gens boudent les urnes en Algérie et qu'ils ne votent plus, ce serait à cause du fait que le scrutin est truqué d'avance à l'avantage des tenants du pouvoir et aussi, fait nouveau en Algérie, des coalitions de l'argent sale. Pour le porte-parole de Talaïe El-Houriat, il n'y a aucun doute : l'abstention ne serait que l'expression du rejet d'une carte électorale imposée. "Aussi longtemps que persistera ce mal, il induira la désaffection de nos concitoyennes et de nos concitoyens à l'égard de la politique tout comme il continuera à amener, à chaque échéance électorale, les partis à s'interroger sur le bien-fondé de leur participation ou de leur non-participation à des processus électoraux aussi pervertis et aussi dévoyés." Fin de citation. Mohamed-Chérif Lachichi