Talaie El-Houriat ambitionne "d'avoir son propre agenda politique" plutôt que de "contribuer à la réalisation de l'agenda du pouvoir qui vise à se pérenniser". Le Comité central de Talaie El-Houriat, réuni hier à Zéralda, a officiellement confirmé la tendance apparue déjà depuis plusieurs semaines au sein du parti présidé par l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis de ne pas prendre part aux prochaines élections législatives. L'instance suprême du parti entre deux congrès a, en effet, voté pour le boycott de ce scrutin à une écrasante majorité de voix. Sur 310 membres du comité central présents à cette troisième session, la non-participation aux élections a recueilli 291 voix. Seuls 16 membres ont voté pour la participation, alors que trois autres se sont abstenus. La décision pourrait, peut-être, constituer une surprise pour certains, mais pour beaucoup, c'est loin d'en être une, puisqu'elle vient en droite ligne de la position exprimée sur le sujet par la base de cette formation politique qui, dans sa grande majorité, avait rejeté l'éventualité d'une participation à cette compétition électorale pour des raisons qui sont explicitées dans les rapports des quatre commissions mises en place à cet effet par le bureau politique et portant, notamment, sur la situation générale du pays et les conditions de déroulement des prochaines élections législatives. Déjà dans la matinée, le discours d'ouverture des travaux de la réunion par le président du parti livrait un avant-goût de la décision qui allait découler des débats du conseil national et la plupart, sinon la totalité des membres avec lesquels nous nous sommes entretenus sur place, se sont clairement exprimés pour le boycott de ce rendez-vous électoral. Dans les rapports que nous nous sommes procurés, l'état des lieux est loin de souffrir un quelconque doute et le large argumentaire plaidant pour le boycott des législatives démontre que le débat sur la question était pratiquement tranché à la base. Dans l'énoncé des motifs plaidant en faveur de la non-participation, on trouve, notamment, cette crainte de crédibiliser le scrutin et de cautionner la fraude que le parti n'a cessé de dénoncer, et d'en légitimer les résultats. "En participant éventuellement aux élections, en connaissance de cause, il serait malvenu de dénoncer leurs résultats", reconnaît-on au sein de Talaie El-Houriat qui ambitionne d'avoir son propre agenda politique plutôt que "de contribuer à la réalisation de l'agenda du pouvoir qui vise à se pérenniser". Et si Talaie El-Houriat espère, ainsi, se consacrer à sa structuration, au renforcement de ses rangs et à l'élargissement de son implantation, le parti veut aussi se préserver "d'une manipulation frauduleuse du scrutin et d'un score politiquement humiliant qui ne correspond pas à son poids sur la scène politique, ce qui serait préjudiciable à l'image du parti et démobiliserait ses militants". Par ailleurs, il est évident que le parti de Benflis ne perd pas de vue qu'il aurait plus à gagner en boycottant un scrutin dont il prédit un fort taux d'abstention. En reprenant la parole à la clôture des travaux de la session du comité central, Ali Benflis ne pouvait que saluer la décision de cette instance de son parti tant il n'avait jamais caché, auparavant, son aversion à toute participation aux élections dans les conditions actuelles. Pour lui, par le biais de cette prise de position qui le distingue des autres formations politiques sur la scène, son parti s'empêche de prendre part à un rendez-vous électoral où "les jeux sont déjà faits et les quotas distribués d'avance". Hamid Saïdani