Plus dure est la chute. Contrairement aux autres favoris au tapis, comme le Gabon au sélectionneur parachuté tardivement ou l'Algérie à la défense poreuse, la Côte d'Ivoire, tenante du titre, invaincue depuis 2015, n'avait aucune raison de craindre le 1er tour de la CAN, pourtant fatal. Les hommes de Michel Dussuyer, qui avait la lourde tâche de succéder à l'homme du sacre, Hervé Renard, suscitaient même la crainte chez leurs adversaires. Les résultats parlaient pour eux, entre le très bon début dans les éliminatoires du Mondial-2018 (victoire 3-1 contre le Mali, nul 0-0 contre la Maroc) ou les matches amicaux convaincants face à la France (0-0) et la Suède (3-1). Quant à l'effectif, privé certes de Yaya Touré (retraité) et Gervinho (blessé) et renouvelé à près de 50%, il présentait des joueurs évoluant dans les plus grands clubs européens comme Eric Bailly (Manchester United) ou Serge Aurier (Paris SG), et des artisans du titre de 2015 comme Serey Dié ou Max-Alain Gradel. "Le foot ne se joue pas sur les automatismes ni sur les noms, mais sur le terrain", a déploré Eric Bailly, après la défaite logique contre le Maroc de Renard (1-0). "On a pensé qu'on était invincible, on a vu que dans le foot cela va très vite." "(En Afrique) après une coupe, c'est fini, il faut enclencher d'autres aventures. C'est ce qu'on n'a pas compris. La qualification ne s'est pas perdue (mardi), mais depuis les deux premiers matches. On a voulu se rattraper, mais c'était trop tard", a-t-il ajouté. Car si les Eléphants ont globalement dominé le Togo (0-0) et failli arracher un succès renversant face à la RD Congo (2-2), ils ont donné l'impression de ne jamais être entrés dans la compétition. Fin de l'âge d'or Manque d'intensité sur le plan offensif, rigueur défensive insuffisante : les failles latentes ont surgi au grand jour face aux Lions de l'Atlas, moins brillants qu'eux a priori, mais largement plus mordants dans l'envie. "C'est difficile de dire exactement ce qu'il a manqué. On n'a pas été assez dangereux face à l'adversaire, ni devant le but. Même dans la tenue du ballon, on pouvait aussi faire mieux. On n'a pas retranscrit ce qu'on a été capable de faire durant ces deux dernières années", a tenté d'expliquer Cheick Doukouré. Avec cette élimination prématurée, une première depuis 2002, c'est un âge d'or qui se referme pour le football ivoirien. La génération aux trois finales de CAN (2006, 2012, 2015) et aux trois participations d'affilée à un Mondial (2006, 2010, 2014) a perdu, outre sa couronne, l'un de ses derniers membres avec Salomon Kalou, qui a annoncé sa retraite internationale mardi à 31 ans. "C'est difficile parce que l'héritage existe", a confié en zone mixte Franck Kessié (20 ans), l'un des plus grands espoirs de la nouvelle ère qui s'ouvre désormais avec Wilfried Zaha (24 ans) ou Nicolas Pépé (21 ans). "Il nous a manqué plus de maturité parce que c'est une équipe jeune. On va retravailler et revenir en puissance, cela va nous servir d'expérience à nous qui participons à notre première CAN", a-t-il ajouté. Prochain objectif : la qualification à une 4e Coupe du monde de suite en Russie. Avec Dussuyer toujours à la barre ?