L'Algérie est si particulière qu'il faudrait avoir des spécificités et beaucoup de chance pour espérer s'y frayer un chemin. Mais est-ce que les Algériens ne semblent pas en mesure de distinguer les bonnes choses ou les bonnes affaires ? La filière belge des entraîneurs ne réussit pas en Algérie. On a choisi trois prototypes (Leekens – deux passages –, Wasseige et Broos), dont l'aventure a tourné court. En revanche, ils font de l'excellent travail ailleurs. En juillet 2014, Hugo Broos, l'actuel sélectionneur du Cameroun, est arrivé en Algérie pour devenir l'entraîneur en chef de la JS Kabylie. Deux mois plus tard, il démissionne à la suite d'un malentendu avec le président du club, Mohand Chérif Hannachi. Il n'était pas resté longtemps "chômeur", puisqu'à la mi-novembre de la même année, Broos a été sollicité pour entraîner un autre club algérien, le NA Hussein Dey en l'occurrence. Là encore, il a été limogé le 15 février 2015 pour manque de résultats. Ces passages éclair dans le championnat algérien ne l'ont pas empêché de trouver un meilleur point de chute. L'ancien joueur d'Anderlecht a atterri chez l'une des plus grandes sélections du continent africain. En effet, il a été nommé sélectionneur du Cameroun au début de l'année 2016, contre toute attente. Certes, son intronisation à la barre technique des Lions Indomptables a suscité beaucoup de polémiques, mais au fil des matches, Broos a réussi à faire taire toutes les critiques. Son bilan avec le Cameroun est des plus honorables avec une seule défaite en 15 matches ponctués de 7 victoires et 7 matches nuls. Il a réussi à qualifier le Cameroun à la phase finale de la CAN 2017, alors que les choses étaient mal parties. La victoire face à la Mauritanie lui a permis de renverser une situation des plus compromettantes. Ensuite, Broos a provoqué la crise au sein de la sélection nationale après lui avoir imposé le match nul au stade Mustapha-Tchaker (1-1) pour le compte de la première journée des éliminatoires du Mondial 2018. L'ancien entraîneur de la JSK et du NAHD fait encore mieux. Il se trouve à 90, voire à 120 minutes d'être sacré champion d'Afrique avec le Cameroun où il retrouvera demain l'Egypte en finale de la CAN 2017. Rares sont ceux qui croyaient voir le Cameroun arriver à ce stade de la compétition sous la houlette de Broos. Cependant, le technicien belge a su mettre un groupe solide après avoir été lâché par les cadres de l'équipe, à l'image d'André Onana (Ajax d'Amsterdam), Joël Matip (FC Liverpool), Allan Nyom (West Bromwich Albion), Maxime Poundje (Girondins de Bordeaux), André Zambo Anguissa (Olympique Marseille), pour ne citer que ceux-là. Douze joueurs potentiellement titulaires ont refusé de participer à la CAN 2017, mais cela n'a pas empêché Broos de monter une équipe qui a réalisé le meilleur parcours de la compétition jusque-là. Le coach a mis sur pied un groupe autour de Benjamin Moukandjo et Vincent Aboubakar, qui ont permis aux Lions de redevenir "indomptables". Les Camerounais ont réussi à s'extirper du groupe du pays organisateur en arrachant leur qualification en quart de finale grâce à une prestation héroïque devant le Gabon dans un match couperet. Ensuite, ils ont dompté le Sénégal, considéré comme la meilleure équipe du tournoi, avant de dominer d'une manière autoritaire le Ghana en demi-finale (2-0). De nouveau en finale après neuf ans d'absence, les Lions Indomptables du Cameroun affronteront l'Egypte demain à Libreville pour s'adjuger un trophée qui leur échappe depuis 2002. Celui qui a été "vomi" en Algérie est sur le point de devenir champion d'Afrique avec le Cameroun. Malik A.