Coup d'arrêt dans le soutien inconditionnel de la nouvelle administration américaine à Israël dans sa politique de colonisation à outrance dans les territoires palestiniens, avec la déclaration hier de Donald Trump, la jugeant "pas bonne pour la paix". Considéré jusque-là comme le principal soutien de l'Etat hébreu dans sa politique de colonisation à outrance, Washington a mis un bémol hier par la voix du président Donald Trump, qui a déclaré dans le journal Israel Hayom ne pas croire que le développement des colonies israéliennes soit "bon pour la paix". Il s'agit de la déclaration la plus explicite du nouveau locataire du bureau ovale sur ce sujet épineux depuis son investiture. À quelques jours seulement de sa rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, Trump affirme, dans un entretien publié hier en ligne et en hébreu par le quotidien gratuit israélien, ne pas être "quelqu'un qui pense que le développement des colonies soit bon pour la paix". Dans le même ordre d'idées, le président des Etats-Unis a déclaré également réfléchir "très sérieusement" sur le transfert de l'ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. "J'étudie le sujet, et nous verrons ce qui se passera", a dit Trump, qui avait pourtant affirmé au cours de sa campagne électorale qu'il transférerait l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, s'il devenait président. Ces déclarations semblent constituer une rupture avec la politique historique des Etats-Unis, qui est aussi celle de la grande majorité de la communauté internationale, et selon laquelle le statut de Jérusalem, également revendiquée par les Palestiniens comme capitale de l'Etat auquel ils aspirent, doit se régler par la négociation. Rappelons que le président palestinien Mahmoud Abbas a menacé de revenir sur la reconnaissance d'Israël par l'Organisation de libération de la Palestine, considérée par la communauté internationale comme représentant tous les Palestiniens, en cas de transfert de l'ambassade américaine. Une telle mesure de la part des Palestiniens renverrait l'effort de paix plus de 20 ans en arrière. Par ailleurs, la Russie a exprimé, jeudi, sa vive inquiétude vis-à-vis de la récente loi israélienne "légalisant les colonies et les avant-postes créés avec le soutien du gouvernement sur des terres privées palestiniennes en Cisjordanie". "Moscou trouve la décision d'Israël très inquiétante", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un commentaire, affirmant que "cela pourrait bien avoir les effets les plus négatifs sur les chances de parvenir à un règlement durable et ferme" au conflit israélo-palestinien. En fait, les perspectives pour la mise en œuvre d'une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien "sont susceptibles d'être remises en question", selon le ministère russe. C'est la loi adoptée le 6 février par la Knesset, "légalisant" l'expropriation des terres au profit des colonies qui n'étaient pas jusqu'ici officiellement reconnues par l'Etat hébreu, qui est à l'origine de toutes ces condamnations internationales. Cette action a été qualifiée par plusieurs pays et institutions internationales de "provocation et de défi" lancé à la communauté internationale. Merzak Tigrine