De tout temps, la région Mena a bénéficié d'une attention particulière des locataires du bureau ovale, vu son importance dans la politique extérieure des Etats-Unis et en raison de la lutte contre le terrorisme qu'ils mènent depuis des années, et de leurs liens exceptionnels avec Israël. La lutte antiterroriste, qui revêt une importance particulière pour les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001, et l'avenir de l'Etat hébreu, considéré comme une constante dans la politique étrangère américaine, sont deux questions très attendues dans le programme du successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche. Certes, les réactions enregistrées dans le monde arabo-musulman après l'annonce de la victoire de Donald Trump ont toutes été empreintes de crainte, voire d'hostilité, en raison de son discours électoral populiste et rude, mais la réalité du terrain sera déterminante dans les décisions du nouveau patron de l'administration américaine, dont l'expérience en politique étrangère est quasi inexistante. Outre la guerre livrée à l'organisation autoproclamée "Etat islamique" en Irak, en Syrie et dans la région de manière générale, Washington ne cesse de raffermir ses relations avec certains pays pour combattre les mouvances terroristes, comme c'est le cas avec l'Algérie. Pays pivot dans la région du Maghreb et au Sahel dans la lutte contre le terrorisme, l'Algérie entretient une coopération très étroite avec les Etats-Unis en matière de sécurité, en témoignent les nombreuses visites à Alger de hauts responsables US. Ces derniers soulignaient, à chaque fois, que l'expérience algérienne dans ce domaine est un facteur déterminant dans le choix des Etats-Unis à solliciter son aide. Même s'il est peu probable que Washington modifie sa politique antiterroriste, il va falloir attendre l'installation de Donald Trump à la Maison-Blanche pour être bien fixé sur ses véritables intentions dans ce domaine. Le nouveau président américain sera attendu sur le Maghreb, une région loin d'être négligeable pour les Etats-Unis, qui n'ont toutefois jamais pesé de tout leur poids pour le règlement du conflit du Sahara occidental. Rabat, qui a misé beaucoup sur Hillary Clinton en versant pas moins de 28 millions de dollars à sa fondation en soutien à sa campagne électorale, pourrait déchanter si la nouvelle administration US allait au bout de son récent engagement au Conseil de sécurité de l'ONU le mois écoulé. Pour rappel, l'ambassadeur américain avait demandé l'envoi d'une mission au Sahara occidental en vue d'accélérer le processus onusien pour le règlement du conflit entre le Front Polisario et le Maroc. Israël, le grand gagnant ? Les dirigeants de l'Etat hébreu jubilaient hier à l'annonce des résultats de l'élection présidentielle américaine donnant la victoire à Donald Trump. C'est ce qui ressort de la déclaration du ministre israélien de l'Education, Naftali Bennett, chef de file du lobby colon, qui a été catégorique hier en affirmant que l'idée de créer un Etat palestinien coexistant avec Israël était révolue avec l'élection de Donald Trump. Lui emboîtant le pas, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué, dans un communiqué, que "le président élu est un véritable ami de l'Etat d'Israël et je suis impatient de travailler avec lui en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la paix dans notre région", sans, toutefois, faire aucune référence explicite au conflit israélo-palestinien ni à la promesse controversée de Donald Trump de déplacer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Ces sorties médiatiques de Naftali Bennett, qui est un des chefs de file des opposants à la création d'un Etat palestinien, et du chef du gouvernement israélien, découlent des prises de position du successeur de Barack Obama sur le conflit israélo-palestinien durant sa campagne électorale. Ses proches conseillers ont assuré aux responsables israéliens qu'il déplacera l'ambassade américaine à Jérusalem, ne dira pas à Israël où il ne doit pas construire en Cisjordanie et ne ferait probablement pas pression pour une solution à deux Etats. Donald Trump a même déclaré que si les Palestiniens ne reconnaissent pas le caractère juif de l'Etat d'Israël, il n'y aura plus de raison de négocier entre les deux parties. Reste à savoir maintenant s'il passera effectivement du discours à l'acte dans ce dossier extrêmement sensible, que la communauté internationale n'a pas réussi à solutionner depuis bientôt soixante-dix ans. Cette région, qui se trouve dans le chaos total avec les guerres en Irak, en Syrie et au Yémen en plus du conflit israélo-palestinien, ne sera certainement pas traitée avec légèreté par la prochaine administration US pour de nombreuses raisons, notamment économiques vu les richesses, dont elle regorge, et des gros contrats des sociétés américaines avec les monarchies du Golfe.