Les dirigeants arabes doivent tenir un sommet dominé par une réactivation de l'offre de paix à Israël et par la réforme de l'organisation panarabe. Le dossier du Proche-Orient a soulevé durant les réunions préparatoires du sommet une grande polémique. Même si le secrétaire général de la Ligue arabe et le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, n'ont cessé de marteler lors de leurs rencontres avec la presse qu'il n'existait aucune proposition susceptible de remplacer l'initiative de paix adoptée à Beyrouth en 2002, il n'en demeure pas moins que de nombreux délégués arabes ont fait état de profondes divergences sur cette question. Le sommet a été précédé par une réunion de deux jours des ministres des Affaires étrangères arabes qui ont adopté, mais profondément remanié un projet de résolution jordanien appelant à soutenir le plan de paix adopté par le Sommet de Beyrouth en 2002. Selon le document final, le texte jordanien qui a été retenu appelle à soutenir le plan de paix arabe adopté par le Sommet de Beyrouth en 2002 et demande à Israël un retrait total des territoires arabes occupés, conformément “au droit international, au principe de la terre contre la paix, à la conférence de Madrid”. En échange de quoi “les pays arabes pourraient, a fortiori, considérer que le conflit israélo-arabe a pris fin et développer des relations normales avec Israël dans le cadre de la paix globale”, selon ce texte. Une douzaine de chefs d'Etat et de souverains sont attendus ce matin à Alger, alors que plusieurs défections ont été déjà enregistrées, notamment celles du roi de Jordanie Abdallah II et du président libanais allié de la Syrie, Emile Lahoud. Dans le document qui sera soumis aux chefs d'Etat, les ministres arabes des Affaires étrangères exigent aussi l'acceptation d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et à Gaza, avec pour capitale Jérusalem-Est et une solution juste au problème des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'Onu. La proposition jordanienne de “paix globale” avec Israël est inspirée par une initiative saoudienne adoptée à Beyrouth en mars 2002, mais rejetée par Israël. Celle-ci proposait à l'Etat hébreu une paix globale en échange de son retrait total des territoires arabes occupés en 1967. Les chefs d'Etat discuteront également des réformes et du développement du monde arabe et de la Ligue arabe et des questions irakienne, soudanaise et somalienne. Le dossier syro-libanais et la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'Onu demandant à la Syrie de quitter le Liban n'ont pas été évoqués lors des réunions ministérielles préparatoires. Le projet de résolution en 16 points qui sera soumis au sommet préconise des amendements à la Charte de la Ligue arabe qui n'a pas subi de changement depuis 60 ans et une refonte de ses structures. Il porte sur la création d'un parlement arabe “indépendant” de la ligue, qui siégerait à Damas et où les pays arabes seraient représentés par quatre délégués chacun. Une modification des modalités de vote à la ligue, prévoyant que les questions importantes, notamment celles politiques, soient désormais adoptées à la majorité des deux tiers, et non plus par consensus, et que les affaires courantes soient adoptées à la majorité simple, sera également examinée. Le dirigeant libyen, le colonel Mouamar Kadhafi, dont la participation était incertaine, était le premier à être arrivé, hier matin, à Alger, où il a été accueilli à sa descente d'avion par le président Abdelaziz Bouteflika. Parmi les autres présidents et souverains arrivés hier à Alger, figurent le président irakien sortant Ghazi Al-Yaouar, le roi du Maroc Mohammed VI et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. La participation du président syrien Bachar Al-Assad a été confirmée, hier, par son ministre des Affaires étrangères Farouk Chareh. En revanche, les chefs d'Etat du Bahreïn, d'Oman et du Yémen ne seront pas présents à ce sommet. De nombreux invités de marque doivent assister à la cérémonie d'ouverture du sommet. Parmi ces invités figurent le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, le haut-représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne, Javier Solana, le Chef du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero et le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier. R. B.