Les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis hier à Alger, en prévision de la tenue, mardi, du 17e sommet de la Ligue arabe, ont entériné l'essentiel du projet de déclaration finale devant être soumis à l'appréciation des chefs des Etats membres de l'organisation panarabe. Articulé autour de 16 points, ce projet de déclaration a été ficelé le week-end dernier par les délégués permanents auprès de la Ligue arabe. Il préconise une série d'amendements de la Charte de la Ligue arabe - adoptée il y a 60 ans - qui devrait déboucher sur une réforme des structures de l'organisation panarabe. L'objectif de cette réforme vise notamment à doter la Ligue arabe d'un fonctionnement démocratique et à faire gagner en efficacité l'action arabe commune. La nouveauté consistera à adopter, entre autres, un système de vote suffisamment souple pour permettre à la Ligue arabe de prendre des décisions et de réagir vite aux événements. Le consensus autour de l'ordre du jour du somment arabe d'Alger n'a pas mis beaucoup de temps à se forger. La première série de discussions s'est déroulée à huis clos et a duré un peu moins de trois heures. Les ministres n'ont levé leur séance qu'après avoir approuvé le gros des points proposés par les experts de la Ligue arabe. La fermeté et la dureté des discours prononcés par Abdelaziz Belkhadem et Amr Moussa à l'ouverture de cette réunion n'ont pas été étrangères aux efforts déployés par les participants pour boucler leur ordre du jour et s'empresser d'intégrer les notions de démocratie, de bonne gouvernance et de société civile dans le lexique de la Ligue arabe. Avant de céder la parole au secrétaire général de la Ligue arabe, Abdelaziz Belkhadem, qui a présidé les travaux du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères, a expliqué, sur un ton grave, l'importance, pour la survie du monde arabe, des réformes proposées à l'occasion de la tenue du 17e sommet de l'organisation panarabe. L'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, qui s'est dit adhérer « totalement » aux discours de M. Belkhadem, n'a pas hésité, pour sa part, à stigmatiser, devant les nombreux journalistes présents, la responsabilité des Etats dans l'inefficacité caractérisant la Ligue arabe. Le Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères devait reprendre ses travaux en fin d'après-midi pour examiner deux points qui n'ont pu être abordés faute de temps. Il s'agit de la coopération arabo-africaine et des questions relatives à la restructuration de la Ligue arabe. Dans une déclaration à la presse, le porte-parole de la Ligue arabe, l'Egyptien Hassen-Eddine Zaki, a indiqué que les discussions se sont déroulées dans une « atmosphère détendue » et a exclu toute idée de divergence autour de la réforme des structures de l'organisation panarabe. Les trois questions laissées en suspens par les experts arabes (le projet de résolution jordanien concernant la paix avec Israël, les nouvelles propositions palestiniennes et la question de la réforme du Conseil de sécurité de l'Onu, Ndlr) devaient également être examinées au cours de la deuxième séance du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères. Malgré la complexité apparente des trois dossiers, les diplomates arabes ne devraient pas avoir grande peine à trouver un accord. Cela d'autant que la Jordanie était sur le point, hier, de retirer sa proposition et de s'en tenir aux résolutions du sommet arabe de Beyrouth de 2002 sanctionnant la position de la ligue par rapport au conflit palestino-israélien. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Hani El-Molki, a fait une déclaration à la presse qui conforte cette hypothèse. Il a indiqué à la presse que son pays refusait la « normalisation avec Israël sans la conclusion préalable d'une paix juste » au Proche-Orient. En outre, il a réitéré l'attachement de la Jordanie à la « légalité internationale et au principe de la terre contre la paix ». « L'établissement de l'Etat palestinien avec El Qods pour capitale et le retour des réfugiés palestiniens sont des préalables à la normalisations avec Israël », a souligné Hani El Molki. Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que la majorité des points inscrits à l'ordre du jour du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères ont été examinés hier en fin d'après-midi lors de la deuxième séance qui s'est déroulée à huis clos. Dans une déclaration à l'APS, le représentant permanent de l'Algérie auprès de La ligue arabe, Abdelkader Hadjar, a indiqué que la majorité des points soumis au Conseil ministériel « ont été examinés et débattus ». Dans ce contexte, il a précisé qu'un consensus s'est dégagé autour de ces points, hormis la proposition de la Jordanie concernant l'initiative de paix arabe, qui, a-t-il dit, a fait l'objet d'une « large opposition » de la part des délégués.