Des cadres et des militants interdits d'accès à la salle de conférences se sont lancés dans une véritable bataille rangée avec des "chargés de sécurité" actionnés par le coordinateur de wilaya. Le conseil de wilaya du Rassemblement national démocratique (RND) à Béjaïa, prévu pour hier, a failli dégénérer en affrontements entre les partisans du premier secrétaire de wilaya, Kamel Bouchoucha, se réclamant candidat tête de liste aux prochaines élections législatives, et ses détracteurs, dont d'anciens cadres et militants du parti, qui étaient aussi nombreux que déterminés, à venir s'opposer à sa démarche et dénoncer "ses manœuvres électoralistes et machiavéliques". Bien que le lieu et l'horaire de la tenue de cette importante réunion de l'instance régionale du parti étaient tenus secrets, des dizaines de militants et cadres du RND, jusque-là écartés par l'actuel coordinateur de wilaya, ont assiégé, hier matin, la salle des conférences du complexe touristique Les Hammadites de Tichy, qui devait abriter, "en catimini", les travaux de ce conseil de wilaya qui revêt une importance capitale. En effet, l'objet de cette rencontre était de trancher la liste des candidats aux législatives du 4 mai prochain, concoctée par les membres du bureau de wilaya, dont la tête de liste n'est autre que le premier responsable du parti à Béjaïa, Kamel Bouchoucha. Cela dit, ce rendez-vous politique, qui devait réunir la famille RND en toute sérénité autour d'un débat digne d'un parti démocratique, a fini par tourner au vinaigre. Selon les témoignages de militants présents sur les lieux de la rencontre, de nombreux cadres du parti non acquis à la démarche de M. Bouchoucha se sont vu éjecter manu militari de la salle par de véritables "barbouzes" mobilisés pour la circonstance. C'est le cas, par exemple, de la secrétaire communale du RND à Sidi-Aïch, qui, voulant prendre la parole pour dénoncer ce "coup de force" du secrétaire de wilaya, s'est retrouvée dehors avec une fracture à la main. Elle aurait même déposé une plainte auprès de la police après avoir établi un certificat médical en bonne et due forme. Le secrétaire communal d'Akbou, qui a également tenté d'intervenir, a connu le même sort. Alors que le débat houleux se poursuivait dans un climat électrique, une cinquantaine de cadres et militants interdits d'accès à la salle des conférences criaient au scandale avant de se lancer dans une véritable bataille rangée avec les "chargés" de la sécurité, actionnés par le coordinateur de wilaya du parti. L'intervention des éléments de la sûreté de la daïra de Tichy a permis d'éviter le pire. De son côté, le député sortant du RND, Omar Alilat, candidat rival de M. Bouchoucha, qui compte briguer un troisième mandat parlementaire successif, s'est montré plus diplomate, en appelant au calme et à la sagesse. Dans une déclaration transmise, hier après-midi, à notre rédaction, un groupe de cadres et militants du RND ont tenu à "dénoncer énergiquement le guet-apens qui nous a été tendu par les barbouzes que le secrétaire de wilaya a ramenés par bus, pour tabasser et agresser des élus, des secrétaire communaux et des membres du conseil de wilaya. Leur seul tort est d'avoir demandé à prendre la parole pour dénoncer le fait accompli imposé par M. Bouchoucha". Les rédacteurs dudit document indiquent, par ailleurs, qu'"on n'a dû notre salut qu'à l'intervention de la police et à la sagesse de M. Alilat qui a pu apaiser les esprits", tout en condamnant "l'agression physique subie par une dame, membre du conseil national". Enfin, ils interpellent "les plus hautes instances du Rassemblement afin d'intervenir et mettre fin à ces graves dérapages". Contacté, le député Alilat s'est contenté de dire : "Je suis vraiment scandalisé par ce qui s'est passé ce matin. C'est du jamais vu !" Kamel Ouhnia