Résumé : Farid découvre les bijoux et les économies de sa femme. Avec un coup de pouce de Lamia, ses projets prendront bientôt forme. Il s'apprête à sortir et retrouve Feriel dans le couloir. La fille lui montre sa peluche. Il lui promet de l'emmener manger des glaces. Farid sourit. La petite retenait tout ce qu'on lui disait. Elle est intelligente et joyeuse. Sa mère veille bien sur elle. Et lui ? Il reconnaît que son caractère de voyou n'avait rien à voir avec une vie familiale stable et sans problème. Il n'était ni le mari ni le père exemplaire. Il embrasse Feriel et se dirige vers la sortie en évitant de regarder dans la cuisine où sa belle-mère préparait le déjeuner et son beau-père lisait le journal. Farid claque la porte et descend les escaliers en trombe. Dehors, le temps avait changé. De lourds nuages s'accumulaient et le vent s'était levé. Farid remonte le col de son blouson et se met à marcher d'un pas rapide. Il achète un journal et un paquet de cigarettes, puis rentre dans un salon de thé et commande un café-crème et un croissant. Ayant terminé son petit-déjeuner, il se dirige vers la station de bus pour se rendre à son studio. Alors qu'il prenait place dans le transport en commun, une vieille femme vint s'asseoir près de lui. Elle portait un lourd panier de provisions et se baisse pour ramasser une pomme de terre qui venait de tomber. Un simple coup avait suffit à Farid pour remarquer la grosse chaîne en or qu'elle portait à son cou. Le jeu paraissait très simple, il suffit de savoir être rapide. Une idée germe dans son cerveau. La femme descend trois stations plus loin. Farid la suit au pas. Le jeu commençait à devenir intéressant et à l'amuser réellement. Pliée par le poids de son panier, la femme se dirige vers un immeuble. Farid, qui suivait à quelques mètres, scrute les alentours, puis pénètre derrière elle. Le hall était frais et paradoxalement vide et silencieux. La femme monte au premier palier. Plus prompt qu'elle, le jeune voyou la rattrape, alors qu'elle entamait les escaliers du second palier. En une infraction de seconde, Farid lui met le bras autour du cou et la tire en arrière, tout en jouant dangereusement avec son couteau. La vieille femme, qui ne pouvait ni bouger ni crier, ouvre des yeux hagards. Farid la sent toute tremblante et vulnérable. D'un coup de couteau, il détache le collier en or du cou de sa victime, qui, outre le panier de provisions qui s'est déversé sur le sol, avait laissé tomber son porte-monnaie et ses clés Farid se baisse, le couteau toujours dans sa main, et se saisit du porte-monnaie. Il dévale ensuite les escaliers à toute vitesse tout en fourrant ses acquisitions dans la poche de son blouson. Les cris de la femme, enfin libérée, parvinrent à ses oreilles quelques mètres plus loin, mais il n'en eut cure. Il était déjà de l'autre côté de l'immeuble où il n'eut aucune difficulté à héler un taxi, dans lequel il s'engouffre. Il donne au chauffeur une adresse à proximité de son studio. On n'est jamais assez prudent, se dit-il. Il rejoint son gîte en quelques minutes de marche et trouve un jeune homme en train de l'attendre au bas du bâtiment. -Tu es Farid ?, demande ce dernier. Farid le dévisage curieusement, puis lance : - Oui. Et toi, qui es-tu ? - Je veux louer ton studio. C'est l'un de tes amis, Mourad, qui m'a orienté vers toi. Rassuré, Farid pousse un soupir de soulagement. - Tu veux louer le studio pour combien d'heures ? - Je ne sais pas. Deux, trois. Peut-être plus. - Peut-être moins aussi, lance ironiquement Farid, un sourire au coin des lèvres. Il faut tout d'abord poser la question à ta nana. Dérouté par la brutalité de son interlocuteur, le jeune homme rougit jusqu'à la racine des cheveux. Farid reconnaît en lui "un bleu". "Il ne connaît même pas les prix, je présume, se dit-il. À moi donc de jouer. Les temps sont très durs pour tout le monde." (À suivre) Y. H.