Résumé : Farid rencontre Henia au seuil de l'immeuble. Elle l'attendait pour récupérer son véhicule et réclamer son argent. Il ne lui donne que le minimum, mais se ravise en repensant à Lamia qu'il devrait revoir dans la semaine. Sans attendre sa réplique, il prend un billet de la poche de son pantalon et le lui tend. - Je pense que le compte est plus que bon pour toi ce soir, d'autant plus que tu as un rendez-vous galant. Je suis certain que tu sauras gagner une bonne croûte avant la fin de la soirée. - Dégage, Farid ! Ma vie privée ne te regarde pas. Il lève les mains d'un air résigné. -OK ! OK ! Je ne m'en mêle plus. Je voulais juste te dire que j'aurais besoin de ton véhicule la semaine durant. Tu n'as pas prévu de le louer à quelqu'un d'autre, j'espère. - Si tu es toujours aussi généreux, j'annulerai toutes les réservations Elle éclate d'un rire sonore, puis poursuit : - Ta banque se trouve dans les pantalons maintenant ? Tu n'utilises plus les guichets ? - Oh, écrase, Henia ! Sinon je vais regretter de t'avoir montré le chemin. Te voilà assez riche pour ce soir. Va t'amuser donc, et fous-moi la paix, on se reverra dans les tout prochains jours. - Ok. Sois prudent, petit voyou. Tous les chemins ne mènent pas à Rome. Une voisine passe devant eux et leur jette un regard en biais. Farid s'empresse de remonter les escaliers pour rentrer chez ses beaux-parents. Cette voisine risque de tout dévoiler à Karima. Il va falloir qu'il pense à inventer in extremis une histoire pour justifier sa présence au seuil de l'immeuble avec cette fausse blonde. Ah les femmes ! Quelle calamité ! La nuit était déjà tombée, et Farid trouve ses beaux-parents et son épouse en train de dîner dans la salle à manger. Cette dernière se lève à son entrée et rajoute un couvert. Farid n'avait pas du tout envie d'affronter le regard de sa belle-famille avec qui il n'entretenait plus que des conversations à couteaux tirés. Mais pour ce soir, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il consent à s'asseoir face à son beau-père, qui était en train d'éplucher un fruit. Karima lui sert un bol de soupe fumante et se rassoit à ses côtés. Il se met à manger, puis gêné par le silence qui régnait, et les regards posés sur lui, il demande : - Feriel dort ? - Non. Elle joue avec la fille de la voisine. Farid se rappelle le regard de cette même voisine. - Elle joue avec la fille de la voisine ? À cette heure-ci ? - Oui. Elle a assez dormi dans l'après-midi pour veiller un peu ce soir. - Depuis quand t'occupes-tu de l'éducation de ta fille ? La voix de son beau-père et son ton maussade l'atteignent de plein fouet. Farid sentit son sang bouillir dans ses veines. Ce vieillard, il l'égorgerait volontiers de sa main. Il relève sa tête et le regarde bien en face sans ciller avant de répondre : - C'est ma fille. J'ai tous les droits sur elle. - Tiens. Il y a une conscience qui se réveille quelque part. Hein, Karima ? Ton mari devient consciencieux. Il se rappelle qu'il a une fille. (À suivre) Y. H.