Résumé : Farid achète un cadeau pour sa fille et revient à la maison pour le lui remettre. Mais Karima lui demande d'où provenait tout l'argent qu'il avait sur lui. Il rétorque qu'il louait son studio. C'est ainsi qu'il a pu payer l'achat de leur appartement. Karima affiche une moue. - Sans blague ? Nous avons un appartement complètement payé ? - Puisque je te le dis. Elle secoue la tête. - Tu veux me faire encore marcher, Farid ? - Pourquoi ne me crois-tu donc pas, Karima ? Je t'ai bien montré l'acte de propriété ! Elle soupire. - C'est juste un papier. - Tu veux dire qu'il est faux ? - Au point où tu en es, tous les moyens sont bons pour rouler autrui. Farid garde un air impassible. - Je sais que tu n'arrives pas à admettre que nous allons bientôt quitter cette chaumière où tes parents me regardent de haut. Mais dans quelques jours, tu auras la preuve tangible que je ne te fais pas marcher. - Dans quelques jours ? - Oui. Dans une ou deux semaines. - Pourquoi attendre autant, puisque cet appartement est déjà acquis ? Il hausse les épaules. - Juste pour quelques formalités administratives. J'ai fait installer le gaz, l'électricité et l'eau. Cela m'a déjà pris un bon mois, et maintenant je dois assurer la maison. Pour cela, je dois encore fournir quelques papiers et... Elle le coupe : - Tu as fais tout ça sans m'en parler ? Il hausse encore les épaules. - Je te le répète, je voulais te faire la surprise. Elle le toise un moment, puis bat en retraite et agrippe son cartable. - Il est temps pour moi de me rendre à l'école. - Mais... Où est Feriel ? - Elle dort dans la chambre de mes parents. - Comment je... - Tu lui remettras son cadeau ce soir. Si tu rentres assez tôt pour la trouver encore éveillée. L'air ironique de son épouse l'excède. Il dépose le paquet sur le lit de Feriel et tourne les talons pour quitter la maison. Il descend quelques marches, puis s'arrête en faisant mine de relacer sa chaussure. Son cartable à bout de bras, Feriel l'interpelle : - Je suis pressée d'être chez moi. Fais en sorte de te débarrasser de toutes ces formalités dont tu parles, mon cher mari, et délivre-nous de cette vie de bohème que nous menons chez les autres. Comme il ne répondait pas, elle passe en trombe devant lui et quitte les lieux. Farid se redresse et termine de descendre les quelques marches d'escalier qui restaient avant d'atterrir sur le palier du rez-de chaussée. (À suivre) Y. H.