Pour le spécialiste, il y a risque de forte chute de la monnaie nationale vers la fin de l'année 2017. Le dinar reste "statique actuellement" ; son cours contre le dollar sur le marché interbancaire des changes est relativement correct. Il se situe autour de 109 dinars pour 1 dollar. Protégé par "la limitation de l'émission de monnaie", opérée par la Banque centrale, le dinar s'apprécie ainsi face au billet vert. Farhat Aït Ali est analyste financier. Il explique que la banque des banques a résorbé environ 2 000 milliards de dinars de passifs (en monnaie locale) pour éviter des glissements plus prononcés du dinar. En fait, l'institution est en train d'éponger, dit-il, une "monnaie improductive" dans la sphère réelle, une solution palliative à un problème sérieux. Farhat Aït Ali souligne qu'il y aura toujours des passifs que l'on ne pourra pas éliminer. Et d'ajouter que plus les réserves de change flanchent, plus il sera difficile de continuer à utiliser ce procédé et qu'il y a risque de voir le dinar dévisser à la fin de l'année. Pour l'expert, on ne peut pas échapper à la dévaluation. Sous l'effet de la crise que connaît le pays, la monnaie nationale s'est fortement dépréciée. Depuis mai 2014, le dinar a perdu 40% de sa valeur par rapport au dollar. L'euro s'est apprécié de 15% durant la même période. Sur le marché parallèle, la parité a atteint des proportions alarmantes où 1 euro valait 180 et 190 DA en 2016. Cette dégringolade, la Banque d'Algérie s'est efforcée de l'enrayer, en apportant de la valeur artificielle au dinar, pendant que le bas de laine fond. Au cours de la deuxième moitié de l'année 2016, la monnaie nationale a complètement flanché où il fallait 111 DA pour un dollar. Face à l'euro, elle a également baissé : 123 DA pour 1 euro au taux de change officiel. Le professeur Nour Meddahi de la Toulouse School of Economics, dans une de ses déclarations récentes, expliquait, lui, qu'entre fin juin 2014 et fin mai 2016, le dinar a reculé par rapport au dollar américain de 28%. La chute par rapport à l'euro est en revanche plus faible : 13,2% pour le dinar, alors que le prix du pétrole a baissé de 55%. Il s'agit, soulignait-il, d'un "ajustement nécessaire" suite à l'effondrement du prix du pétrole. Et c'est le système de change, mis en place par la Banque centrale, qui opère ces ajustements. Ainsi, à chaque fois que les revenus pétroliers du pays perdent de l'élan, conséquemment à la déprime des cours du brut, le mécanisme de fixation du taux de change s'ajuste de manière mécanique, la finalité étant d'avoir une plus grande quantité de dinars pour alimenter le budget de l'Etat. Sur le marché informel, les taux de change risquent aujourd'hui de s'envoler. L'explication serait que des gens, craignant une inflation importante en 2017, se mettent à convertir une partie de leurs avoirs en devises ou que des opérateurs, essayant de se prémunir contre les hausses annoncées de la parité, achètent à tour de bras de la devise. Youcef Salami