Au cours de la dernière semaine d'octobre 2015, les taux de change officiels de la monnaie nationale s'établissent à 119 DA pour un euro et 105 DA pour un dollar. Depuis le début de l'année en cours, le dinar a perdu une partie importante de sa valeur. Le processus de dévaluation de la monnaie nationale s'est accéléré au cours de la période estivale que la Banque d'Algérie a jugé propice pour réaliser d'importants ajustements monétaires. Quelles sont les causes de la dévaluation ? Le système de change, mis en place par la Banque centrale, fait qu'à chaque fois que nos recettes en devises baissent, le mécanisme de fixation du taux de change s'ajuste automatiquement pour avoir une plus grande quantité de dinars à offrir au budget de l'Etat. La baisse du dinar est due essentiellement à la chute du prix des hydrocarbures, qui a entraîné en un an la perte de près de la moitié de nos revenus en devises. La dévaluation du dinar a été atténuée en sens inverse par la hausse de la valeur du dollar sur les marchés des changes internationaux qui a partiellement compensé l'effet de la baisse des cours pétroliers sur nos recettes en devises. Quelle est l'ampleur de la dévaluation ? Le montant de la dévaluation du dinar a fait au cours des derniers mois l'objet des évaluations les plus diverses. Le gouverneur de la Banque d'Algérie indiquait encore, en septembre dernier, que "le dinar a enregistré une dépréciation de 22% par rapport au dollar américain, mais s'est apprécié de 0,6% par rapport à l'euro au premier semestre 2015 comparativement à la même période de 2014". Malheureusement les choses ont évolué au cours de l'été. Le dinar a encore perdu près de 7% de sa valeur par rapport au dollar entre juin et octobre (99 DA pour un dollar fin juin 2015 et 105 DA pour un dollar au 20 octobre 2015). La valeur officielle du dinar par rapport à l'euro, stabilisée depuis plusieurs années, s'est à son tour dépréciée d'environ 10% depuis juin 2015. (107 DA pour un euro fin juin 2015, et 119 DA pour un euro au 20 octobre 2015). Au total entre juin 2014 et octobre 2015, la dévaluation est donc de près de 30% par rapport au dollar et de près de 11% par rapport à l'euro. Quel impact sur le pouvoir d'achat des salariés ? La mécanique de la dévaluation du dinar permet pour l'essentiel de réduire les salaires réels et donc le pouvoir d'achat des salariés tout en maintenant le niveau des salaires nominaux. Les effets inflationnistes inévitables attendus de la dévaluation du dinar seront, à l'étape actuelle, sans doute limités par le fait que la plus grande partie de notre commerce extérieur (environ 60%) est libellée en euros, monnaie par rapport à laquelle la dévaluation reste pour l'instant relativement modérée. Dans le cas du dollar cette dernière sera en revanche enregistrée de plein fouet et les prix des produits importé de cette zone sur le marché algérien risquent d'augmenter très sensiblement. Quelles perspectives pour 2016 ? Peu d'analystes se risquent pour l'instant à des pronostics sur l'évolution de la valeur du dinar au cours des prochains mois qui dépendra essentiellement de facteurs aussi volatiles que le prix du baril de pétrole ou le cours du dollar sur les marchés de change internationaux. L'exception la plus récente dans ce domaine est représentée par Citibank Algérie. Dans une note récente, la filiale de la banque américaine voit le dinar poursuivre sa descente en 2016. L'année prochaine, l'euro devrait atteindre 132 dinars. Le dollar grimperait pour atteindre 123,4 DA, selon les prévisions de la banque d'affaires. La Citibank explique avoir élaboré ses prévisions sur la base d'un baril de Brent qui resterait en dessous de 60 dollars pour l'année 2016 et d'une baisse de l'euro par rapport au dollar sur le marché international. Dans ce contexte, la Citibank prévoit une inflation de 5,1% en 2015. La hausse des prix resterait modérée et atteindrait 6% en 2016, selon les prévisions de la banque américaine. "La dépréciation du dinar, la hausse des dépenses et la croissance des crédits impliquent une forte pression inflationniste en 2015 et 2016", explique la banque dans sa note. H. H.