Elle a aussi focalisé son intervention sur le scandale qui fait jaser ces dernières semaines : l'achat des signatures et des positions sur les listes électorales. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a assuré, hier, que des "clarifications" quant à l'état de santé du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, objet de folles rumeurs depuis l'annulation de la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, le 20 février dernier, pourraient se faire dans les prochains jours. Mme Hanoune ne précise pas si elle tient cette information de source sûre, pour reprendre le jargon journalistique, ou s'il s'agit d'une lecture de la situation. "Moi, je pense que les rumeurs qui ont circulé, les pires, ne sont pas fondées. Probablement que, dans quelques jours, nous aurons une clarification quant à l'état de santé du Président", a-t-elle affirmé hier lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. Pour la patronne du PT, c'est "l'opacité, la confusion" et "l'absence de communication" qui font souvent le lit des rumeurs. "Bien entendu, quand il n'y a pas de communication, cela étend le lit de la rumeur et de l'intox. Ce dont nous n'avons pas besoin surtout en ce moment où le climat est déjà suffocant de par les problèmes sociaux, l'impasse politique, l'impasse économique, de par les dossiers de corruption (...) C'est vrai que la situation est tellement complexe que certains vont, de bonne ou de mauvaise foi, jusqu'à envisager le pire, mais je dis que l'absence de communication, c'est très mauvais, vu l'état de notre pays", soutient Mme Hanoune. L'achat des signatures : "Un appel à l'abstention" Confortée dans ses positions politiques et dans son analyse de la situation du pays depuis qu'elle a lancé la croisade contre l'intrusion de l'argent sale dans la politique, Mme Hanoune a focalisé son intervention sur le scandale qui fait jaser ces dernières semaines : l'achat des signatures et des positions sur les listes électorales qu'elle qualifie de "pratiques mafieuses". "Les listes confirment des dérives sans précédent. Personne n'ignore que l'immunité recherchée par les hommes d'affaires inscrits sur les listes est d'avoir l'impunité et de disposer de plus de marchés et plus de foncier", a-t-elle accusé. Mme Hanoune accuse les partis du pouvoir et leurs satellites, d'être le réceptacle de ces milliardaires et qui "sous le couvert du soutien au programme du Président œuvrent pour maintenir le statu quo mortifère". "Avec la divulgation du code du travail dans cette conjoncture, le trafic des signatures et des listes et un appel à l'abstention", estime-t-elle. Interrogée sur l'histoire du fils d'Ould Abbes ainsi que d'une députée, cités par les médias dans une affaire de corruption liée à l'achat des listes, Louisa Hanoune s'est refusée à "tout commentaire". "Je n'ai pas de commentaires à faire. Bien sûr, notre souhait est que la justice et les services de sécurité combattent toute forme de corruption et à tous les niveaux. J'ai déjà évoqué l'immunité parlementaire et j'ai déjà dit qu'il faut arrêter les dérives. La loi doit s'appliquer à tous." Dans le même contexte, elle a appelé les ministres candidats à la démission dès hier soir, délai de validation des listes électorales. "S'ils mélangent entre leurs postes et la campagne, c'est aussi un encouragement à l'abstention." Pour les autres ministres en poste, elle les a invités à ne pas prendre de décisions qui engagent l'avenir du pays. "On souhaite un changement de gouvernement après les élections qui soit à la hauteur des défis qui se posent au pays." Après avoir déposé 42 listes, le PT a vu 6 de ses listes rejetées à cause des parrainages citoyens, et le parti a introduit des recours auprès des autorités concernées. Louisa Hanoune ne cache pas son optimisme de les récupérer. Par ailleurs, elle soutient que les élections du 4 mai prochain, dont personne ne sait "quelle sera l'attitude de la justice, ni celle de l'administration", peuvent "impulser une nouvelle ère de recomposition sociale et politique". Le PT, dont la "campagne sera différente des précédentes", va "solliciter le patriotisme et la conscience des citoyens" pour lutter ensemble contre la prédation, l'austérité, les lois moyenâgeuses et pour renforcer le pouvoir d'achat et sauver l'université, soutient Louisa Hanoune qui estime que si les citoyens se mobilisent, les élections peuvent être une occasion "pour défaire le système et ses courtisans". Karim Kebir