"Si crise il y a, a affirmé le député du PT, c'est celle du système politique". Et cette crise est "aggravée par la politique du gouvernement qui s'appuie sur une fausse majorité des députés FLN-RND". "La chute du prix du pétrole n'est pas la raison principale de la crise. Celle-ci a plutôt dévoilé les lacunes et surtout la réalité du parti unique. Notre pays va mal, très mal même. Sur le plan politique, il y a une décomposition ambiante, une situation délétère, une remise en cause des acquis, le pouvoir d'achat divisé par deux sinon plus, l'explosion du chômage, la nature sociale de l'Etat a été aussi remise en cause avec des lois régressives, notamment le code du travail moyenâgeux", c'est ce qu'a déclaré, hier, Ramdane Youssef Tazibt, député et responsable au sein du Parti des travailleurs (PT), à Annaba. Des propos qu'il a tenus en marge de la réunion du comité de la campagne législative du PT des wilayas d'Annaba et d'El-Tarf. Pour ce responsable, ce qui se prépare est extrêmement dangereux car, selon lui, une fois adopté, le code du travail permettra aux entrepreneurs de faire ce qu'ils veulent avec les droits des travailleurs, le droit syndical, le droit de la grève et autres. Lors de ce meeting avec les comités locaux de campagne, en présence des candidats têtes de liste de ces deux circonscriptions, Snani Mourad et Bouchemma Nasr-Eddine, l'orateur a annoncé que "le PT mènera une campagne politique offensive et acharnée à l'occasion des élections", dans le but, explique-t-il, "de construire un rapport de force à même de stopper les dérives actuelles sur les plans politique, économique et social". Et ce, enchaîne-t-il, "avec les forces vives de la nation, les syndicats, les jeunes qui refusent de payer la pseudocrise". "Si crise il y a, a-t-il affirmé, c'est celle du système politique, c'est la crise aggravée par la politique du gouvernement qui s'appuie sur une fausse majorité des députés FLN-RND, qui ont avalisé tous les coups contre la majorité du peuple avec, notamment, les lois de finances d'austérité 2016 et 2017. Le gel des salaires, le gel des recrutements, le gel de 5 000 projets de développement à l'échelle nationale, l'appauvrissement des APC par la réduction de 50% de la TAP (taxe sur l'activité professionnelle)." Affirmant que l'Etat "est gangrené par la corruption et avec la montée en puissance des nouveaux riches" qui "dictent leurs lois, y compris dans la confection des listes électorales", Ramdane Youssef Tazibt soutient qu'il est certain que "les décideurs veulent dominer la future assemblée pour légiférer directement à leur profit exclusif". Dénonçant encore le pouvoir de l'argent, il évoquera les scandales qui ont émaillé la collecte des signatures, et ce, jusqu'à l'achat du positionnement des candidats sur les listes sans que la justice bouge. "Le scrutin a pris un coup supplémentaire en terme de crédibilité, avant même qu'il ne soit entamé. Pourquoi mettre des milliards pour le siège de député si ce n'est pour acheter l'immunité et l'impunité ?", s'interrogera-t-il. Abordant la question des bilans de la mandature qui s'achève, Tazibt annonce que le PT se prépare à faire son propre bilan, mais il demandera aux autres de présenter également le leur, dans le but, dira-t-il, de permettre aux citoyens de faire la différence, car, "en politique, il n'y a pas de responsabilité collective". "Le climat actuel est une copie conforme de la situation qui a prévalu à la veille de la chute de Hosni Moubarak. Corruption, peuple affamé, hommes d'affaires dans le gouvernement et les institutions et fraude des élections, avec beaucoup de provocations contre le peuple. Beaucoup de citoyens, qui refusent de payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables, veulent sanctionner ceux qui sont responsables de leurs souffrances. Nous avons entendu un responsable prédire la récolte de la majorité absolue à l'APN. De qui se moque-t-on ? Par quel jeu de passe-passe comptent-ils réaliser un tel hold-up ? Qui peut croire, par exemple, qu'à Annaba, les citoyens vont voter pour une liste ayant en son sein un candidat prédateur notoirement connu ?", conclura ce responsable. B. Badis