Huit jeunes internautes de la wilaya de Bouira vont comparaître, aujourd'hui, devant le juge. Ils sont administrateurs de la page facebook Garanda City, qui s'est spécialisée dans l'information de proximité de toute cette wilaya. Leur convocation par la justice a suscité l'indignation et la solidarité de l'opinion publique locale. Ces huit jeunes, faut-il le rappeler, sont accusés, d'"incitations à attroupement visant à porter atteinte à l'ordre public et atteinte à corps constitués". Ainsi, depuis la médiatisation de l'affaire, plusieurs groupes de soutien ont "fleuri" sur la Toile, dénonçant un "acharnement" contre ces blogueurs. En effet, des centaines de messages de soutien inondent la blogosphère locale et des pages facebook ont été créées dans le but de s'insurger contre le traitement réservé aux animateurs de la page facebook. Le jour où tout a basculé... En guise de soutien à ces internautes, certains ont appelé à un rassemblement de soutien devant le tribunal de Bouira, pour exiger l'abandon pur et simple des charges retenues contre les huit administrateurs. "Nous devons tous nous unir pour dénoncer l'acharnement dont font l'objet ces jeunes", écrit notamment un internaute sur la page facebook "Touche pas à Garanda City !", créée pour la circonstance. Mais dans les faits, que reproche-t-on exactement aux "admins" de cette page ? Pour le savoir, un petit retour en arrière s'impose. Le 26 décembre 2016, cette page publie une affiche où il était mentionné qu'une grève générale des commerçants de la wilaya allait être organisée le 2 janvier 2017. Dans la soirée du 26 décembre, cette publication était introuvable sur la page. Elle venait d'être supprimée dans des conditions floues. Au matin du 2 janvier 2017, l'ensemble des commerçants de Bouira avaient favorablement répondu à l'appel anonyme pour une grève de trois jours et les violences qui ont en découlé. Une semaine plus tard, les administrateurs de cette page, annoncent, à la surprise générale, la fermeture de Garanda City, sans fournir la moindre explication. Il s'est avéré par la suite que ces huit jeunes, ont été entendus par la police, dans le cadre d'une enquête. Avant ces mésaventures, ces huit blogueurs étaient pour ainsi dire de véritables vedettes locales. Leur page était une quasi référence dans le secteur de l'information de proximité à Bouira. Le prix de la gloire D'ailleurs et au même titre que des médias conventionnels et plus encore, Garanda City était crainte et dérangeait nombre de responsables. Au niveau de la cellule de communication de la wilaya, une petite division a été créée, sur instruction du wali, dont la mission est de suivre les publications des pages facebook de Bouira et Garanda City figurait en pole position. Certains observateurs voient en ces péripéties une certaine rançon de la gloire. En effet, avant sa fermeture, cette page comptabilisait plus de 48 000 fans de Bouira, et d'ailleurs et ses administrateurs étaient régulièrement invités sur les ondes de la radio locale. Leur dernier passage remonte à 2015, dans l'émission "Zoom Tech", où ils se sont brièvement présentés. "L'aventure Garanda City a débuté en 2010. Nous voulions exposer les problèmes que connaît la wilaya en matière de développement et d'aménagement. Nous nous sommes lancés sans grande prétention et au fil du temps et grâce à un travail d'équipe et surtout beaucoup de sérieux, nous avons gagné en crédibilité", ont-ils indiqué. Et de préciser que "la crédibilité, c'est notre maître-mot. Nous sommes avant tout une page d'information". Interrogés sur les étapes précédant la publication sur la page, ces jeunes "journalistes" évoquent très précisément le travail d'une petite rédaction d'un média conventionnel. "Avant de publier quoi que ce soit, on s'assure de la véracité des faits. On a nos contacts, nos sources à travers toute la wilaya et même si un fan nous fait parvenir une information, nous prenons le soin, au préalable, de la vérifier", ont-ils souligné. L'animateur leur ayant demandé s'ils se considéraient comme des journalistes, ces jeunes ont répondu par l'affirmative : "Oui, en quelque sorte, nous le sommes. Nous traitons des préoccupations des citoyens, nous faisons écho des attentes de ces derniers et nous traitons l'information de la plus sérieuse des manières".