Dans ce manège orchestré autour de l'amnistie générale, il y a comme un jeu d'esbroufe qui consiste à jouer sur le registre des émotions du peuple algérien pour l'amener à cautionner un projet, au demeurant recevable, qu'il n'aura pas eu à débattre au préalable, pour pouvoir choisir en toute conscience. À regarder de plus près ce tintamarre politico-médiatique orchestré depuis des mois sur cet objet politique non identifié qu'est l'amnistie générale, un paradoxe ne manque pas d'interpeller tout un chacun. En effet, aussitôt l'idée lancée par le président de la République, c'est la course à l'échalote au sein des partis, notamment ceux de l'alliance présidentielle, des personnages qui gravitent dans la périphérie du pouvoir pour l'endosser, l'assumer, la prendre en charge et en faire sa promotion. Il n'y aurait sans doute rien à redire sur la démarche de tout ce beau monde si l'idée était clairement et rigoureusement définie à l'origine. Ce qui est, convenons-en, loin d'être encore le cas. Car des formules et des mots affriolants, du genre “en finir avec les rancœurs du passé”, “tourner la page”, qui constituent des leitmotivs dans les interventions du président Bouteflika et pour lesquels on ne peut, à la limite, qu'adhérer, ne doivent pas occulter ni permettre une économie en termes de clarification de ce projet. C'est quoi l'amnistie générale ? Quel est son contenu ? Sera-t-elle circonscrite aux conséquences de la crise terroriste ? Sa portée touchera-t-elle des acteurs qui ont commis des délits économiques ? C'est autant de questions qui devaient être cernées en amont avant que ces partis et autres personnages, dansant actuellement plus vite que la musique, n'eussent à afficher leurs positions. Dans ce manège orchestré autour de l'amnistie générale, il y a comme un jeu d'esbroufe qui consiste à jouer sur le registre des émotions du peuple algérien pour l'amener à cautionner un projet, au demeurant recevable, qu'il n'aura pas eu à débattre au préalable, pour pouvoir choisir en toute conscience. Que la lumière soit ! N. S.