Placée sous très haute sécurité, l'élection présidentielle française est surtout marquée par un suspense inédit quant à l'identité des candidats qui animeront le second tour tant l'indécision est de mise. Le premier tour de l'élection présidentielle française, qui aura lieu aujourd'hui, revêt un cachet particulier, dans un contexte marqué par l'attentat perpétré jeudi soir sur la plus grande avenue parisienne, les Champs-Elysées, et qui a coûté la vie à un policier et blessés deux autres ainsi qu'une touriste allemande. Outre la menace terroriste, les Français sont dans l'incertitude totale quant aux noms des deux candidats qui atteindront l'étape finale, même si Marine Le Pen du Front National et Emmanuel Macron du mouvement En Marche ! ont fait la course en tête dans les sondages d'opinion. La nouveauté est que pour la première fois la bipolarité entre la droite et la gauche, qui se sont partagé les mandats présidentiels depuis l'avènement de la Ve République en France, n'est plus de mise. En effet, le candidat du parti Les Républicains, François Fillon, et celui du Parti socialiste, Benoît Hamon, ont été laminés par les ennuis judiciaires pour le premier et par le refus de certains cadres du PS de soutenir le second. Pratiquement, le quart des électeurs s'est déclaré indécis dans son choix, et l'abstention est annoncée toujours forte pour ce scrutin. Les écarts entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon sont tellement réduits qu'il est très difficile d'émettre un quelconque pronostic. Ceci étant, la fin vendredi soir à minuit de la campagne électorale officielle, ce qui interdit aux médias de publier des sondages ou des déclarations de candidats jusqu'à la fin du vote, rajoute davantage au suspense. Cela n'a pas empêché les représentants de la droite et de l'extrême droite d'essayer de glaner des voix en durcissant leur discours sécuritaire, en appelant à un renforcement de la lutte antiterroriste. Quant à Emmanuel Macron, qui espère tirer partie du désir de renouvellement exprimé par les Français, il a, quant à lui, reproché à l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012) "l'affaiblissement du renseignement territorial" du fait de suppression de postes dans les corps de sécurité. Afin de rassurer du mieux qu'il peut, le président François Hollande a affirmé que tout serait fait pour sécuriser le scrutin. Ainsi, 50 000 policiers et gendarmes et 7 000 militaires seront mobilisés aujourd'hui. "Rien ne doit entraver" ce "rendez-vous démocratique", a souligné de son côté le Premier ministre Bernard Cazeneuve. La mairie de Paris a promis des renforts aux bureaux de vote qui le demanderont. À signaler enfin que l'enquête sur l'attaque contre les policiers en plein cœur de Paris se poursuivait hier. Merzak Tigrine