Après avoir zappé dans un premier temps les accusations de marchandage des matches La FAF se déjuge et consent à ouvrir une enquête L'inertie est le défaut qui caractérise le plus les instances sportives algériennes. Après le MJS, qui a mis plus de huit mois pour réagir aux accusations tous azimuts au sujet de la gestion par le COA du dossier des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, c'est au tour de la FAF de se réveiller de sa léthargie concernant les affaires de marchandage de matches. En effet, dans un communiqué publié sur son site internet, la FAF annonce que "suite aux très graves accusations de M. Tebbou Azzouz, président de la JSM Skikda, la Fédération algérienne de football (FAF) a chargé ses commissions de discipline et d'éthique d'enquêter sur ce dossier. À cet effet, M. Tebbou sera convoqué et auditionné par la commission de discipline pour s'expliquer sur la teneur de ses déclarations", note le communiqué. Pourtant, réunie dimanche dernier au CTN de Sidi Moussa sous la présidence de Kheireddine Zetchi, la FAF s'était curieusement félicitée dans un autre communiqué tout aussi officiel du "bon déroulement du championnat de Ligue 2 qui prendra fin le 13 mai 2017 avec la tenue de la 30e et dernière journée du championnat et l'accession du Paradou AC, de l'USM Blida et de l'US Biskra en Ligue 1". La fédération avait préféré donc botter en touche et n'avait pas soufflé mot sur les affaires de marchandage des matches que certains présidents de Ligue 2 avaient dénoncées. Azzouz Tebbou, le président de la JSM Skikda, avait accusé en effet déjà Zetchi, les jours précédant la réunion du bureau fédéral, d'avoir "arrangé des matches à l'époque où il était président du PAC, et d'avoir surtout cédé cette saison dans le championnat de Ligue 2 les points de la victoire de son équipe contre l'ASO et le GCM notamment afin de freiner l'élan de la JSMS et, du coup, l'empêcher de jouer crânement ses chances pour l'accession en Ligue 1". Pour Azzouz Tebbou, "c'est là le résultat d'une cabale menée par la FAF contre le président de la JSMS afin de lui faire payer sa position lors de l'AG de la fédération contraire à Zetchi et surtout son opposition à son élection". En outre, dans une lettre de protestation adressée à la FAF, signée par son président Boualem Tiab, la JSMB s'est insurgée contre le déroulement de certaines rencontres "qui à mon avis, écrit Tiab, n'ont pas respecté l'étique sportive et ont, de ce fait, faussé la compétition : l'US Biskra en allant battre l'ASM Oran et l'USM Blida en s'imposant face à l'ASO Chlef... Des procédés qui n'honorent nullement le football national". Et d'ajouter : "Les deux rencontres citées ont scandalisé les présents à Oran et les téléspectateurs à Chlef, j'ose espérer que ces faits ne resteront pas au stade de l'impunité et que nos nouvelles instances du football ne laisseront plus les combinards porter atteinte au football." La FAF n'avait pas réagi à ces accusations très graves qui touchent sa crédibilité, la LFP non plus. Pourtant, l'article 122 du règlement du championnat professionnel stipule que "tout dirigeant, entraîneur, joueur et/ou employé de club à titre de salarié ou bénévole qui critique publiquement ou porte atteinte à l'honneur et à la considération de la Fédération, de ses ligues ou à l'un de leurs membres et/ou à un officiel de match (arbitre, commissaire de match, inspecteur des arbitres, chargé de la sécurité...) par quelque moyen que ce soit, est sanctionné conformément aux dispositions prévues par le code disciplinaire en vigueur". En outre, le code disciplinaire de la FAF indique dans son article 81 que "l'arrangement d'un match est sanctionné par suspension des deux clubs fautifs pour la saison en cours ; rétrogradation en division inférieure des deux clubs fautifs ; défalcation de six points sur le cours du championnat de la saison à venir ; interdiction à vie d'exercer toute activité en relation avec le football pour les responsables concernés des deux clubs ; deux millions de dinars d'amende pour chacun des deux clubs". "La FAF suit avec beaucoup d'attention et d'intérêt tout ce qui se passe sur la scène footballistique et rassure la famille du football national ainsi que l'opinion publique qu'elle interviendra en temps opportun en prenant les décisions qui s'imposent dans le strict cadre réglementaire que lui confèrent les lois en vigueur", conclut le communiqué. Pourvu que cela ne débouche pas sur un autre dossier classé ! S. L. Lire le dossier