Des représentants de plusieurs associations activant dans les quatre coins du pays ont dévoilé hier leur projet de création d'une confédération nationale des associations de la société civile de prévention et de lutte contre les addictions qui constituent le fléau social le plus ravageur. Intervenant lors d'une rencontre organisée par l'association Tujya au musée du Moudjahid de Tizi Ouzou, M. Bouchakour, un des initiateurs du projet, a expliqué qu'"un programme consensuel de lutte contre ce phénomène des addictions sera mis en place par cette future confédération qui axera son travail de prévention sur la sensibilisation des parents d'élèves, qui constituent le maillon fort de cette lutte, mais qui demeurent fortement démobilisés, puis aussi le milieu scolaire, le milieu sportif et les infrastructures de jeunesse". Les participants à ce projet étaient unanimes à considérer que l'implication des autorités dans ce projet est indispensable en raison de l'ampleur de ce phénomène. À ce titre d'ailleurs, le docteur en psychiatrie, Mahmoud Boudarène, a rappelé que rien qu'en matière d'addiction aux drogues, le nombre de personnes touchées en Algérie s'élève à 340 000. Après une communication chiffrée présentée par les représentants de la Sûreté de wilaya et un état des lieux présenté par Louiza Ouchrif, la présidente de l'association Tujya, le Dr Boudarène a, après avoir rappelé les différentes catégories d'addictions aux substances, telles que les drogues et psychotropes, et d'addictions sans substance, telles que la cyberaddiction, souligné le manque de volonté de l'Etat dans la prise en charge de ce fléau. "Il n'y a pas encore une réelle volonté politique des pouvoirs publics de lutter contre ce fléau", a-t-il déclaré, soulignant que "cette lutte ne passe pas seulement par le volet répressif qui est du ressort des services de sécurité et de la justice, mais par une politique globale qui doit impliquer les ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, de la Solidarité ainsi que du Travail". Le plus urgent pour lui demeure, a-t-il jugé, la mise en place d'un vrai observatoire national avec des démembrements dans chaque wilaya. "Il faut créer un observatoire qui sera animé par une équipe pluridisciplinaire dont des médecins, des psychologues et d'autres acteurs de la société. Il ne devra pas être comme celui déjà créé et dirigé par un procureur", a-t-il plaidé. Intervenant dans le même sens, le Dr Antar, du Cisa (Centre intermédiaire de soins en addictologie) de Tipasa, a, pour sa part, déploré qu'une quarantaine de centres similaires ont été lancés au niveau national, mais que jusque-là, ils ne sont pas encore fonctionnels. Samir LESLOUS