Un comité de soutien aux travailleurs de Cevital a été installé officiellement, jeudi, à Béjaïa. Il regroupe en son sein des opérateurs économiques, des syndicalistes, des élus (APC, APW et APN), des représentants de commerçants de la région d'Akbou et des membres de la société civile de la wilaya de Béjaïa. Avant le tour de table, un point de situation a été présenté par les membres du Comité de participation des filiales Cevital et par les animateurs du premier noyau de ce comité, naguère embryonnaire. Et lequel comité semble s'élargir chaque jour davantage, en témoignent l'implication effective de représentants de syndicats autonomes, d'associations socioculturelles ou écologiques, d'élus, de partis politiques, à l'instar du RCD et de Talaie El-Houriat d'Ali Benflis. Les membres du Comité de participation ont notamment insisté sur le fait qu'à travers ce bras de fer entre le groupe Cevital et la direction de l'Entreprise portuaire de Béjaïa, "c'est la pérennité de l'entreprise qui est en jeu. Pis, ils sont arrivés à des menaces en voulant remettre en question la concession. Ce qui va mettre en péril le sort de 4 500 salariés de Cevital dans cette wilaya". Et d'affirmer qu'avec l'unité de trituration des graines oléagineuses, "ce sont 1 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects qui seront créés". Ils regrettent, à ce propos, que le pouvoir politique dise, d'un côté, que "le pays vit une situation de crise" et, de l'autre, bloque un "investissement de cette envergure. Et d'autoriser en même temps la création en mars dernier d'une unité de trituration à Oran et deux autres dans le port de Djendjen sans que cela pose problème. Et de s'interroger : pourquoi ces deux poids, deux mesures ?" En plus de compromettre le sort de quelque 4 500 salariés de Cevital et des 4 000 fournisseurs et clients, c'est l'économie locale qui va en pâtir ; les ressources vont inévitablement diminuer avec la "défection" forcée du premier contributeur de cette wilaya, a tenu à rappeler avec insistance un opérateur économique, l'un des premiers à se rendre disponible et à témoigner sa solidarité agissante vis-à-vis des travailleurs et du Groupe Cevital. Les membres du comité de soutien avec les travailleurs Cevital, qui se sont réunis jeudi, ont convenu de l'élargir au maximum. La réunion d'aujourd'hui a pour objet de faire part de leur engagement et de décider de la feuille de route à suivre en vue d'amener le pouvoir politique à revoir sa copie en matière d'investissements dans cette région. Ils ont rappelé qu'hormis le groupe d'Issad Rebrab, qui annonce des projets importants dans la wilaya, "on n'a jamais rien vu depuis une vingtaine d'années". Le CHU, le stade et le CET sont quasiment à l'abandon ; la bretelle autoroutière a été amputée de 70 milliards de dinars, et l'un des rares industriels, qui continuent à investir, on le bloque, ont déclaré avec insistance les syndicalistes. On a évoqué à ce propos le mégacomplexe touristique, prévu à El-Maghra sur la côte Est de Béjaïa sur 182 ha. Y sont prévus notamment des hôtels de classe internationale, un hypermarché, un grand hôpital, des écoles, etc. Avec à la clé des centaines, voire des milliers d'emplois directs et indirects. À l'issue de leur réunion, qui a duré plus de trois heures, une déclaration a été rendue publique, dans laquelle est annoncée la création d'un comité de soutien au profit du groupe Cevital et des travailleurs. On a, d'emblée, rappelé que depuis plusieurs mois déjà, les citoyens de Bejaïa, et l'opinion publique nationale en général, constatent que le groupe Cevital est l'objet de blocage et plus singulièrement son "unité de trituration de graines oléagineuses suite au refus obstiné de la direction du port de Béjaïa de procéder au déchargement des équipements" de ladite unité. En tant qu'opérateurs économiques, élus, universitaires, acteurs de la société civile ou citoyens de la région, ils se sont légitimement mobilisés. Car ils considèrent que les effets de cette obstruction auront, comme tout le monde le sait, des conséquences directes sur la pérennité de milliers d'emplois existants et hypothéqueront de manière irrémédiable des milliers d'autres, prévus dans le cadre de l'extension et de la modernisation de l'usine de Béjaïa. Et après avoir pris connaissance des éléments du dossier, par le biais de la presse et des informations que nous avons eues directement de la part des représentants des travailleurs, ils ont considéré que "les raisons invoquées par la direction du port de Béjaïa sont totalement infondées et ne reposent sur aucune disposition légale". Que les motivations seraient politiques, il y aurait, indiquera-t-on, "une volonté de mettre en déséquilibre concurrentiel l'un des fleurons de l'industrie de notre région au profit d'autres opérateurs, qui se sont nouvellement installés dans le même créneau dans d'autres wilayas du pays". Quant à l'argument avancé, à savoir la destination finale des équipements importés, il ne passe pas auprès des animateurs du Comité de soutien, d'autant, a-t-on expliqué, que le client Cevital participe entre 40 et 45% au trafic marchandises de l'entreprise portuaire. Et de s'interroger : "Cette exigence de ‘destination' est-elle formulée à l'ensemble des opérations de débarquement des équipements industriels sur le port de Béjaïa ou bien ne concerne-t-elle (que) seulement ceux de Cevital ?" D'où l'idée de se constituer en comité de soutien aux travailleurs de Cevital. Un, pour les assurer de leur solidarité agissante dans leur lutte pour la protection de leur outil de travail et de leur emploi. Et de mettre en garde sur leur volonté de se "mobiliser contre tout acte illégal et injustifié qui viserait à sanctionner les opérateurs économiques de notre région". Il appartient aux plus hautes autorités du pays, a-t-on ajouté, de prendre les mesures nécessaires pour lever ce blocage, car son maintien relèverait d'une discrimination contre un groupe industriel et une provocation contre les milliers de familles des travailleurs.