"Nous demandons la reconnaissance de nos sacrifices, à commencer par une indemnisation conséquente et une retraite honorable et équitable", réclament les retraités et invalides du Service national. Plus de 5 000 militaires retraités et militaires invalides venus de plusieurs wilayas du pays ont investi hier matin les routes nationales 5 et 12 pour se diriger vers la capitale, provoquant une paralysie du trafic dans les deux sens. Les manifestants, dont certains portaient des sacs à dos, scandaient des slogans liés à leurs revendications socioprofessionnelles. La marche des manifestants, qui s'est ébranlée depuis la ville de Boumerdès vers Alger, a été encadrée par des dizaines de véhicules de la gendarmerie et de la police. Un hélicoptère de la Gendarmerie nationale a été également mobilisé pour la circonstance. Pour éviter de bloquer carrément la circulation, les manifestants ont préféré marcher au bord des routes empruntées, mais cela n'a pas empêché l'énorme embouteillage qui s'est formé sur la RN5 entre Boumerdès et Boudouaou. Les marcheurs revendiquent, notamment, "une reconnaissance officielle, la révision de leur pension de retraite, des indemnités, une pension mensuelle à la mesure de leurs sacrifices, une prise en charge sociale et médicale, la régularisation de leur situation vis-à-vis de la Sécurité sociale, l'accès à l'emploi". "Nous nous sentons marginalisés, alors que nous avons consenti d'énormes sacrifices pour sauver la patrie lors de la décennie noire", affirme un marcheur de Bouira. Pour son collègue qui portait un sac de couchage, visiblement déterminé à faire face à toute éventualité, il relate son parcours depuis son incorporation jusqu'à sa prise de retraite où il a dû faire face à tous les dangers. "Certains de nos compagnons sont morts laissant des enfants derrière eux, d'autres sont handicapés à vie et les vivants toujours traumatisés comme nous éprouvent les pires difficultés à vivre aujourd'hui", déplore-t-il. Selon nos interlocuteurs, des centaines de retraités ont souffert tout au long de la décennie noire qu'a connue le pays, mais la plupart d'entre eux sont marginalisés, dit-il, précisant que certains d'entre eux se trouvent sans toit, sans travail, alors que pour d'autres leurs salaires sont dérisoires. Des manifestants qui portent encore des séquelles nous ont fait part des indemnités dérisoires perçues au titre de régularisation. "Certains de nos collègues ont perçu un rappel de 14 000 DA représentant la régularisation de leur pension mensuelle, mais c'est une somme insignifiante", dit-il. Les manifestants se déclarent déterminés à faire aboutir leur plateforme de revendications : "Nous demandons la reconnaissance de nos sacrifices à commencer par une indemnisation conséquente et une retraite honorable et équitable." Par ailleurs, et dans les différents courriers adressés au président de la République, les militaires retraités, les ex-rappelés invalides ont demandé au Président d'intervenir dans l'examen de leur cas et de prendre en considération leur plateforme de revendications. À l'heure où nous mettons sous presse, les manifestants ont été stoppés à Réghaïa par un impressionnant dispositif sécuritaire. M. T.