Les pays membres de l'Opep se réunissent aujourd'hui en conférence ordinaire dans la capitale autrichienne. Les pays membres de l'Opep se réunissent aujourd'hui en conférence ordinaire dans la capitale autrichienne. Se réunit également aujourd'hui, le haut comité de monitoring conjoint Opep et non-Opep. La conférence ministérielle d'aujourd'hui est un évènement marquant pour l'organisation pétrolière. Elle devrait permettre de faire le point sur l'évolution des marchés, d'examiner les conclusions établies par le haut comité de monitoring et surtout d'évaluer les enjeux stratégiques et cruciaux auxquels l'Opep sera confrontée au cours des prochaines années. Celle-ci veut reprendre la main sur le marché, être maîtresse de son propre destin et dégager des solutions adaptées aux situations des marchés. Mais le peut-elle, dans le contexte changeant d'aujourd'hui ? Mise à part la reconduction de l'accord de limitation de l'offre conclu en décembre 2016, un choix acquis pour le moment, l'organisation viennoise aura fort à faire pour mettre de l'ordre dans les marchés. Comment va-t-elle se comporter face à la menace des schistes américains? Aujourd'hui, tous les voyants sont au vert pour une accélération des extractions américaines, entre un prix du baril qui s'est un peu redressé et des coûts qui ont baissé dans l'industrie du schiste. Depuis novembre 2016, le baril de brut, relancé par l'Opep, évolue dans une fourchette comprise en 45 et 55 dollars à New York, alors qu'il était tombé jusqu'à 26 dollars en février 2016. Cela joue en faveur du pétrole de schiste. Les cycles sont plus courts, car il ne faut qu'un mois pour forer et mettre en service un puits, donc, si les prix bougent dans un sens ou dans l'autre, le secteur peut être très réactif pour y répondre. Une multitude de compagnies y opèrent, forant des puits de taille modeste, ce qui rend la production de pétrole de schiste plus souple que les grands projets en pleine mer (offshore), dont le développement prend plusieurs années. Il y a ainsi de quoi y perdre son latin ! Autre variable dans l'équation de l'équilibre des marchés : le cas de la Libye et du Nigeria, deux pays exempts des quotas conformément à l'Accord d'Alger signé en septembre 2016. En Libye, et malgré les violents combats qui opposent différentes factions armées, la production du pétrole, principale ressource du pays, a fait un bond significatif, en ce début de mois. La production du pétrole a franchi les 760 000 barils par jour. Les réserves libyennes en pétrole sont estimées à 48 milliards de barils. C'est la première fois depuis la chute de Mouamar Kaddafi en 2014, qu'une nette augmentation des barils produits est enregistrée. En mars dernier, le Nigeria a, lui, rehaussé de nouveau sa production à 2,1 millions de barils. Au premier semestre 2016, il avait laissé sa place de premier producteur de pétrole à l'Angola. Mais pas pour longtemps, puisqu'à la fin de 2016, il a réussi à recouvrer sa position de leadership dans l'industrie pétrolière sur le continent. Sa production a culminé à 1,68 million de barils par jour. Le pays affiche ses ambitions, tablant sur une production de pétrole de l'ordre de trois millions de barils par jour d'ici cinq ans en investissant près de dix milliards de dollars dans ce secteur. Ces deux pays continueront-ils d'être dispensés par l'Opep ? Il est fort probable que la question sera débattue à l'occasion de la réunion d'aujourd'hui. Ce rendez-vous a fait par ailleurs grimper les cours du brut. Hier, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juillet, prenait huit cents à 51,5 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en juillet, gagnait, lui, neuf cents à 54,24 dollars. Youcef salami