Les marchés pétroliers étaient hésitants vendredi en fin de journée, avec une timide hausse, à la veille de la seconde réunion d'évaluation du système de réduction de la production décidée par les pays OPEP et d'autres producteurs non Opep. C'est en en effet aujourd'hui dimanche que 11 pays producteurs de pétrole, dont la Russie, vont se réunir à Koweït City avec les 13 pays de l'Opep pour faire le point sur les mesures prises en décembre dernier pour donner un coup de frein à la surproduction de brut et rééquilibrer le niveau des prix sur les marchés. Selon un communiqué du ministère algérien de l'Energie, les travaux de cette réunion ministérielle porteront sur «l'examen du rapport établi par le comité technique de monitoring chargé d'analyser le niveau de mise en œuvre de l'accord conjoint Opep et non Opep en termes de réduction de la production de pétrole durant les mois de janvier et février». Les ministres et chefs de délégation discuteront également, précise le ministère algérien de l'Energie, de «l'évolution des marchés pétroliers et leurs perspectives à court et moyen termes». Le comité mixte de monitoring est constitué de l'Algérie, du Koweït et du Venezuela, ainsi que la Russie et le Sultanat d'Oman pour les pays non Opep. Ce comité mixte ministériel de monitoring Opep et non Opep est en fait chargé de s'assurer de la mise en œuvre de l'accord de Vienne du 10 décembre 2016. «L'Algérie s'est engagée à respecter l'accord du 10 décembre 2016 mais aussi à soutenir toutes les initiatives visant à la stabilisation des marchés et des prix du pétrole», relève le ministère. L'Algérie, qui devait réduire sa production de pétrole de 50.000 barils/jour, rapporté à la production d'octobre 2016, a «totalement rempli cet engagement et compte maintenir cet effort sur toute la durée décidée», a-t-on ajouté. Selon le rapport du comité technique établi pour le mois de janvier 2017, les pays producteurs Opep et non Opep ont atteint un niveau de conformité (respect de leurs engagements de réduction de production) de 86%. Pour autant, les objectifs de l'accord de décembre 2016 ne sont pas totalement remplis. «Les efforts se poursuivent en faveur d'une conformité complète et opportune à 100% des objectifs», indique-t-on. En fait, il y a de forts soupçons que des «signataires» de l'accord de décembre 2016 ne jouent pas le jeu et n'observent que très peu leurs engagements de réduction de leur production. La Russie est particulièrement mise à l'index, tout comme certains pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite. En décembre 2016 à Vienne, 11 pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep ont donné leur accord, avec les pays membres de l'Opep, pour accélérer le rééquilibrage du marché mondial du pétrole en réduisant la production de 1,8 million barils/jour à compter du 1er janvier 2017 sur une durée de 6 mois. Cette durée est susceptible d'être prorogée de six mois supplémentaires. La seconde rencontre des pays non Opep avec les pays Opep, qui produisent l'équivalent du tiers de la production mondiale de brut, se tient alors que les prix sont ballottés par le retour en force de la production du schiste américain et du schiste bitumineux canadien. Sur les marchés pétroliers, les cours sont fatalement moroses. Vendredi en clôture à New York, ils ont légèrement avancé sur un marché évitant de prendre des risques avant la réunion de l'Opep, selon des analystes de marchés. Le cours du léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 27 cents à 47,97 dollars sur le contrat pour livraison en mai. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a pris 24 cents à 50,80 dollars sur le contrat pour livraison en mai à l'Intercontinental Exchange (ICE). Carl Larry, analyste de Frost and Sullivan estime que «le marché du pétrole est surtout en train d'attendre ce qui va se passer du côté de l'OPEP». Il ajoute que «c'est très important de savoir comment ils voient les choses : est-ce qu'ils vont prolonger les baisses de production, ou est-ce qu'ils commencent à être un peu cyniques sur le sujet ?» Plusieurs analystes du marché estiment en fait que la période de six mois, le premier semestre 2017, de l'accord de réduction de la production ne peut donner des résultats que sur une période plus longue, et il en faut plus pour rééquilibrer le marché mondial du pétrole. Car, des experts parlent même «d'échec des restrictions de production de l'OPEP». «Les expéditions de l'OPEP vers l'Asie, la plus grande et la plus florissante région consommatrice de pétrole au monde, ont augmenté de plus de 5% depuis janvier», selon des analystes du marché de Londres, pour qui «cela faisait douter d'une réduction de l'offre mondiale». Pour autant, selon des experts de Commerzbank, l'Arabie saoudite a dit avoir réduit de 300.000 barils par jour (b/j) ses exportations de brut vers Etats-Unis, alors que le cabinet indépendant, Oil movements, affirme que les cargaisons issues de l'Opep sont en baisse sur l'ensemble des pétroliers actuellement en mer. Par ailleurs, la perte de vitesse des cours du brut ces dernières semaines est imputée à la reprise de l'activité des puits américains qui a fait chuter le marché de 10%, alors qu'il avait été soutenu depuis la fin 2016 par les espoirs liés aux accords de l'OPEP. «Le marché a beaucoup baissé, donc on assiste à un petit rebond», explique Kyle Cooper d'IAF Advisors, jugeant crucial pour les cours de repasser au-dessus du seuil symbolique des 50 dollars lors des prochaines séances. Cela dépendra également des résultats de la réunion d'évaluation de Koweït.