Les cours du pétrole ont baissé lundi, les investisseurs se laissant gagner par des craintes sur un rebond de l'offre aux Etats-Unis et face à la volonté de l'Iran de poursuivre franchement la reprise de sa production. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a reculé de 41 cents à 49,94 dollars sur le contrat pour livraison en novembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, a perdu 43 cents à 51,52 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "On craint beaucoup que le département de l'Energie (DoE) annonce une hausse des réserves américaines de brut" dans son rapport hebdomadaire de mercredi, a mis en avant Carl Larry, de Frost & Sullivan. L'offre américaine reste surveillée avec attention par des investisseurs qui ont subi la semaine précédente l'annonce d'un rebond plus fort que prévu des stocks de brut après plus d'un mois de recul continu. "Les raffineries sont entrées en période de maintenance et cela va durer quelques semaines, ce qui va faire s'accumuler les stocks de brut et perdurer l'actuelle surabondance", a expliqué M. Larry. En amont même des problématiques de raffineries, les investisseurs craignent que la production américaine rebondisse prochainement, après avoir donné un franc soutien au marché en déclinant au premier semestre.
Propos nigérians A ce titre, si les cours ont baissé, c'est "d'abord à cause de la publication par Baker Hughes du décompte des puits de forage aux Etats-Unis la semaine dernière", a expliqué Jasper Lawler, de CMC Markets. Selon ce décompte, annoncé vendredi et considéré comme un indicateur avancé de la production, le nombre de puits actifs aux Etats-Unis a encore augmenté la semaine dernière pour dépasser désormais d'une centaine d'unités son niveau de la fin juin. Sur le plan international, le marché a aussi subi "l'annonce par l'Iran que le pays augmenterait sa production à 4 millions de barils par jour (mbj)", a enchaîné M. Lawler. Les investisseurs redoutent que les propos de l'Iran, qui fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions, augurent mal de la concrétisation par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont est membre Téhéran, d'un accord de baisse de la production. Même si l'Iran a été exempté de participer à cet accord, annoncé fin septembre et à l'origine de plusieurs semaines d'embellie des cours, les observateurs craignent tout signe potentiel de blocage en vue du sommet de novembre, lors duquel doit être concrétisé ce pacte. "Maintenant que le marché a atteint des niveaux sans précédent depuis un an et même tenté de les dépasser, des inquiétudes refont surface", a remarqué Gene McGillian, de Tradition Energy. "On se demande si des membres de l'Opep vont tricher, comme cela a déjà été le cas", a-t-il précisé, évoquant des doutes sur "la mise en œuvre ou non de l'accord". Parallèlement à sa volonté de faire repartir de façon ambitieuse sa production, l'Iran a déjà donné des signes peu engageants en estimant, aux côtés de l'Irak et du Venezuela, que le cartel se base sur des estimations trop basses de production pour réfléchir aux futurs quotas à l'issue du sommet de novembre. Quand bien même l'Iran ne sera pas concerné par ces quotas, les objectifs de Téhéran "seront de toute façon évoqués de façon plus large lors du sommet du 30 novembre", a prévenu dans une note Tim Evans, de Citi. Parmi les autres facteurs négatifs pour le marché, il citait des déclarations du Nigeria, autre membre de l'Opep, laissant présager une accélération de sa production après la réparation d'infrastructures en fin d'année.
L'Iran va augmenter sa capacité de production L'Iran a annoncé lundi qu'il allait augmenter sa capacité de production de pétrole à 4 millions de barils par jour (mbj) d'ici mars prochain après avoir été exempté par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) lors de sa réunion informelle à Alger. Notre capacité de production était de 3,8 mbj au cours de la première moitié de l'année (mars 2016 - mars 2017), nous allons la porter à 4,03 d'ici à la fin de l'année (mars 2017), a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh. Il s'exprimait lors d'une conférence sur le pétrole et l'énergie à Téhéran, en présence de représentants de nombreuses sociétés étrangères. Selon lui, la capacité de production de l'Iran atteindra 4,6 mbj dans cinq ans. L'Opep a décidé fin septembre lors d'une réunion à Alger de réduire sa production pour soutenir les cours. Mais trois pays, l'Iran, la Libye et le Nigéria ont été autorisés à produire aux niveaux maximum qui fassent sens. Jusque-là, l'Iran a refusé de limiter sa production, en affirmant qu'il devait retrouver son niveau de production de fin 2011, soit avant les sanctions américaines et européennes contre son programme nucléaire qui avaient fait baisser considérablement son niveau de production. Depuis l'accord nucléaire et la levée d'une partie des sanctions internationales en janvier, l'Iran a progressivement augmenté sa production. La Russie, pays non-membre du cartel, a été invitée à la prochaine réunion de l'Opep, les 28 et 29 octobre en Autriche, pour parvenir à un accord pour soutenir les cours du brut.
Baisse en Asie Le pétrole creusait ses pertes, lundi matin en Asie, toujours plombé par les craintes que les producteurs ne parviennent pas à s'entendre sur une limitation de l'offre, et en raison d'informations sur une hausse des puits en production aux Etats-Unis. Peu avant 04h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en novembre, reculait de 18 cents à 50,17 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en décembre, cédait 8 cents à 51,87 dollars. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé fin septembre de réduire sa production, mais ses membres ne sont toujours pas parvenus à déterminer comment y parvenir. "L'absence d'évolution sur la question de l'accord de l'Opep fait que les prix sont influencés par les informations des Etats-Unis", a estimé dans une note à ses clients l'analyste d'IG Jingyi Pan. L'activité de forage a encore augmenté aux Etats-Unis, selon les dernières estimations hebdomadaires réalisées par le groupe privé Baker Hughes. Le seuil de 50 dollars est très important pour le WTI parce que c'est celui au-delà duquel il est rentable pour les producteurs de schiste de relancer leur production.