En matière de scolarisation et sur la trentaine d'enfants victimes de ce handicap dans la commune, seule une dizaine d'entre eux est prise en charge au centre spécialisé de Boukhalfa. Si déjà la prise en charge des personnes handicapées est, d'une manière générale, loin des attentes de cette frange, il faut bien admettre que le destin des enfants atteints de trisomie 21, qui se comptent par dizaines dans la commune de Maâtkas, est malheureusement ignoré par les autorités locales. En effet, prise en étau entre la pesanteur sociale et le manque de considération des autorités en charge du secteur, cette frange particulière de la société est livrée à elle-même, et les familles concernées sont toujours en proie à un désarroi total. "Ces enfants qui souffrent d'un terrible handicap sont soumis à une double persécution du fait qu'ils subissent le rejet de la société qui les dévalorise et qu'ils souffrent terriblement de l'absence de prise en considération de leurs besoins spécifiques quotidiens de la part des pouvoirs publics", nous dira en substance un père de famille concerné par ce cas de figure. En matière de scolarisation par exemple et sur la trentaine d'enfants victimes de ce handicap dans la commune, seule une dizaine d'entre eux est prise en charge au centre spécialisé de Boukhalfa, encore qu'un tel miracle n'a pu se réaliser que grâce à l'apport d'un bénévole qui assure le transport quotidien de ces bambins. L'association A8, domiciliée à la cité 11-Décembre de Tizi Ouzou, reçoit aussi quelques enfants trisomiques mais à raison d'une seule séance d'orthophonie de 45 mn par semaine. "Cela reste dérisoire, et il faut que je fasse répéter à ma fille plusieurs jours durant l'exercice pratiqué lors de la séance pour qu'elle puisse assimiler ou prononcer un mot. De plus, son père doit s'absenter une fois par semaine pour pouvoir l'accompagner jusqu'à Tizi Ouzou", avoue la maman de la petite Yasmine, âgée de quatre ans. Cette dame lutte, à juste titre d'ailleurs, pour que la prise en charge de ces enfants se fasse par la commune de Maâtkas. D'autre part, certaines familles ne déclarent même pas leurs enfants trisomiques et, plus grave encore, ces derniers seraient malheureusement maltraités dans leur proche environnement. De son côté, M. Mouzarine, le chargé des affaires sociales à l'APC de Maâtkas, avoue que les efforts déployés par l'APC pour l'acquisition de locaux désaffectés de l'école primaire du chef-lieu communal pour servir de siège à une association habilitée à prendre en charge cette catégorie d'enfants inadaptés sont restés vains. "La direction de l'éducation de Tizi Ouzou n'a même pas daigné répondre à notre sollicitation. Pourtant, des bienfaiteurs et des orthophonistes de la région sont prêts à prendre en charge les travaux de rénovation de cette école et l'encadrement psychopédagogique de ces enfants", affirme-t-il, avant de lancer un appel auprès des parents d'enfants trisomiques pour se manifester et se mobiliser pour l'acquisition de cette structure bénéfique à tous les handicapés de la commune. "Ceci dit, en attendant des jours meilleurs, l'APC est disposée à mettre à profit ses moyens de transport pour l'acheminement de ces enfants éventuellement vers d'autres centres spécialisés de la région", assure le chargé des affaires sociales à l'APC de Maâtkas. R. Achour