Résumé : Ne trouvant pas le sommeil, Mustapha et Kahina se rendirent dans la cuisine pour prendre un café. L'émotion de cette terrible soirée se lisait encore sur leurs visages. Si bien que la jeune femme oublia son café qui débordera sur la cuisinière. Son mari se proposera de tout nettoyer. Je m'assois devant la table et verse ce qui restait au fond de la cafetière dans nos deux tasses. Mustapha me fait un clin d'œil. -Il est vrai que je ne t'aide pas beaucoup ces derniers temps, mais lorsque j'étais célibataire, toutes les corvées ménagères me revenaient. Je fronce les sourcils. -Tu m'avais plutôt avoué que c'était la femme de ménage de tes voisins qui passait une fois par semaine pour l'entretien de ton appartement. -Oui, mais le reste de la semaine, je faisais moi-même ma cuisine, ma vaisselle et même parfois le parterre. -C'est noté. Désormais, je vais te consigner une ou deux fois par semaine pour ces tâches, cela me soulagera plutôt. Il rit. -Et si je refuse ? -Eh bien, tu seras puni. -Ah ! Tu vas donc sévir ? Je hoche la tête. -Oui. Et tu regretteras d'avoir enfreint mes instructions. Il s'essuie les mains et se rassoit. -Voilà. La cuisinière est propre. Une corvée en moins pour toi. -Merci. Il sourit, et je remarque qu'au fond de lui-même, il tentait de reprendre le dessus. Son regard était éteint et empreint de tristesse. Je mets une main sur son bras. -Mus, la cuisinière m'importe peu. Nous pourrions la changer et en acheter dix si on veut. Mais toi... Soudain, je repousse ma tasse et mets mes mains devant mon visage, avant d'éclater en sanglots. Il se lève et me prend dans ses bras. -Chut. C'est fini, Kahina. La journée avait été rude pour nous deux, mais grâce à Dieu, nous sommes encore ensemble. Sa voix était nouée. Je relève les yeux vers lui et constate qu'il pleurait. Nous étions comme deux enfants qui venaient de recevoir une correction. Mes sanglots s'arrêtent enfin. Je renifle et me mouche avant de me rasseoir. -Le café est encore chaud. Il se rassoit à son tour. -Oui. Buvons-le et allons nous rendormir. Je souris à travers mes larmes. -Tu crois que nous pourrions ? Il sourit et me caresse les doigts. -Nous essayerons. Dans ce monde, il faut toujours tenter. Nous allons boire ce café. Cet excitant fera peut-être une exception pour deux êtres aussi affligés que nous. (À suivre) Y. H.