Jusque-là sans incidents majeurs, le Hirak du Rif a pris de nouvelles proportions, jeudi soir, à Al-Hoceima, qui a enregistré les premières violences depuis 10 jours, avec de violents affrontements entre des centaines de jeunes manifestants et les forces de sécurité. Des centaines de personnes ont de nouveau manifesté, jeudi soir, à Al-Hoceïma, où des heurts ont brièvement opposé des jeunes à des policiers. C'est un signe qui montre que la tension persiste dans cette ville du nord du Maroc. Les groupes de jeunes, qui se sont rassemblés par surprise dans le quartier Sidi Abed pour exiger la libération des leaders emprisonnés de la contestation qui secoue depuis 7 mois cette région du Rif, ont été repoussés sans ménagement par les policiers. Faisant usage de quelques grenades lacrymogènes, la police a procédé à plusieurs interpellations et chargé pour disperser les protestataires. Les affrontements ont cessé vers 18h30. Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, notamment facebook, on voit les forces de l'ordre intervenir avec la force contre les manifestants qui scandaient des slogans habituels tels : "Silmiya, silmya (pacifique, pacifique), liberté au prisonniers" ou encore "non à la militarisation". Les manifestations nocturnes, pour cause de Ramadhan, sont quotidiennes depuis lors à Al-Hoceïma, ainsi que dans la localité voisine d'Imzouren. Elles se déroulent habituellement sans incident, alors que les contestataires ne cessent d'affirmer le caractère pacifique de leur mouvement. Au total, 86 personnes sont poursuivies par la justice, a indiqué, jeudi, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El- Khalfi. Pour rappel, le leader de ce mouvement, Nasser Zefzafi, et ses principaux meneurs ont été arrêtés ces 10 derniers jours par la police. Ils font face aujourd'hui à de graves accusations de "crimes", notamment, atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat. Selon le site "rifonline", Nawal Ben Aïssa, la grande figure féminine du mouvement contestataire du Rif, s'est rendue, mercredi 7 juin, au commissariat de police avant d'être relâchée en fin d'après-midi. Mariée et mère de 4 enfants, Nawal Benaissa, 36 ans, aurait été entendue sur ses activités grandissantes dans le Hirak depuis l'arrestation de Nasser Zefzafi et ses compagnons. "Je m'adresse à tous les Marocains : le Rif saigne ! L'Etat nous opprime", avait-t-elle déclaré au journal français Le Monde. Il y a lieu de rappeler que le plus ancien parti politique marocain, l'Istiqlal, avait annoncé son soutien total aux revendications des manifestations populaires qui secouent depuis 7 mois le nord du Maroc et demandé la libération immédiate des leaders de la contestation. Le parti historique de l'indépendance, a exprimé un soutien total et inconditionnel aux revendications sociales et économiques du mouvement de Hirak. Merzak Tigrine