Le constat a été fait par l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger lors d'une journée d'étude. Certaines dispositions de la réforme ont été critiquées. Les parents d'élèves sont démissionnaires et ne s'intéressent guère à la scolarité de leur progéniture. Rares sont ceux qui suivent de près le cursus scolaire de leurs enfants. C'est le constat fait hier par l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger lors d'une journée d'étude sur le rôle de ces associations. Les présidents d'association de divers établissements scolaires qui ont pris part à la rencontre étaient unanimes à dénoncer “l'absence totale des parents”. Ces derniers ne répondent même pas aux convocations officielles de l'établissement ou de l'association, regrettent des intervenants. Et d'ajouter que seule l'exclusion de l'élève de son école incite les parents à faire le déplacement pour dénoncer la mesure et tenter de trouver un compromis. Mais tant qu'il est en classe même avec de très mauvais résultats, les parents ne s'inquiètent pas outre mesure. “Nos établissements sont devenus des crèches et des lieux de gardiennage”, s'insurge une intervenante. Une autre témoigne que sur plus d'une centaine de parents convoqués, seuls vingt-cinq ont jugé utile de se rapprocher de l'école. L'ignorance du rôle important que peut jouer l'association des parents d'élèves fait que certaines écoles n'y sont même pas dotées. Certains chefs d'établissement refusent cette initiative aux parents qui renoncent à ce droit par peur de représailles du directeur et des enseignants. “C'est à croire que nos enfants sont confiés à des gangs et non à des pédagogues”, s'écrie l'intervenant. Plus grave, les rares parents qui adhèrent aux associations le font parfois pour tisser des liens avec toute personne pouvant donner un coup de pouce à un élève paresseux. Ce qui explique, selon une intervenante, le fait que des élèves qui sont admis avec de brillants résultats au niveau de l'établissement échouent aux examens de fin d'année et en changeant d'école. Les présidents d'associations en veulent pour preuve aussi le fait que sur les 47% d'élèves qui passent du moyen au secondaire, moins de 25% parviennent à la deuxième année. Outre la démission parentale, les intervenants se sont attardés sur la réforme de l'éducation. “Nous ne sommes pas prêts pour cette refonte”, estiment-ils et de prédire des résultats catastrophiques dès les premiers bilans. Les parents enseignants citeront, notamment les nouvelles dispositions de passage au secondaire dont ils ont eu connaissance cette semaine et l'examen national de la sixième. “Les élèves n'ont pas les mêmes chances de réussite” car les conditions de scolarité diffèrent d'une école à l'autre et d'une wilaya à l'autre. “L'exclusion des associations de parents d'élèves des conseils de classe a été dénoncée par les participants qui pensent que leur présence en tant qu'observateurs” peut apporter un plus et alléger les déperditions. Dans son allocution d'ouverture, le président de l'union des parents d'élèves a remis en cause la suppression par l'ex-responsable de l'Académie d'Alger de la commission de recours de la wilaya et a relevé le caractère obsolète des textes de lois régissant le mouvement associatif. De son côté, le président de la coordination des parents d'élèves a fait part de son projet de pousser les élèves à créer de mini-associations pour pouvoir activer de leur côté. De même qu'une banque sera mise en place en vue de recenser tous les établissements scolaires et de formation existants au niveau des cinquante-sept communes. “L'objectif est de se rapprocher de ces structures pour les assister, notamment dans la prise en charge des recalés”. Par ailleurs, les participants représentant plusieurs établissements de la capitale ont fait part d'innombrables insuffisances et lacunes au niveau de leurs écoles. Le président de l'association des parents d'élèves d'un établissement situé à El-Hamiz révélera l'ouverture d'un dépôt pour produit biochimique à quelques mètres de deux CEM. “Les autorités ont été informées mais rien n'a été fait”, soutient-il. Passe-droit, application de coefficients dans certains établissements seulement, abus de pouvoir par les directeurs, surcharge des classes, démobilisation des enseignants, drogue, fugue, maltraitance… sont autant de difficultés avancées par les intervenants. Kidnapping via le net Les participants à la journée d'étude sur le rôle des associations de parents d'élèves ont révélé la probable mise en place d'un réseau de kidnapping via le net. Les victimes, de jeunes adolescentes, sont repérées lors de la connexion dans des cybers. Des contacts sont entretenus entre les jeunes vulnérables et “le petit copain” à travers le net jusqu'au jour J où un rendez-vous est fixé. Les proies faciles se retrouvent dans des wilayas qu'elles n'ont jamais connues et souvent aux frontières. C'est le cas de deux jeunes lycéennes qui, après une fugue, ont été retrouvées du côté de Annaba non loin de la frontière avec la Tunisie. C'est du moins ce que racontent les enseignants qui rapportent que les fugues deviennent de plus en plus fréquentes. Les enseignants vont d'ailleurs jusqu'à proposer le contrôle des cybers pour prévenir de tels risques. M. B.