C'est à une véritable mise à nu à laquelle ont procédé les parents d'élèves à l'occasion d'une réunion organisée par l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger (Upewa), jeudi, à la Salle des actes de la fac centrale pour l'évaluation de la rentrée scolaire 2005-2006. Tous les intervenants étaient unanimes à dénoncer l'état de laisser-aller qui règne actuellement dans bon nombre d'établissements scolaires de la capitale. Même le bureau exécutif de l'Union n'a pas échappé à la critique. Il lui est reproché d'avoir organisé, le 22 septembre dernier, une assemblée générale extraordinaire à huis clos, comme le relève le vice-président de la coordination des Eucalyptus. De son coté, la coordination d'Alger-Centre suggère au bureau exécutif « d'avoir les pieds sur terre et de s'intéresser plus à ce qui se passe dans les écoles ». Une présidente d'une association des parents abonde dans le même sens. Selon elle, l'Union doit pouvoir peser de tout son poids et de ses forces face à l'Académie d'Alger et au ministère de l'Education nationale pour faire valoir son droit à être partie prenante dans la gestion des établissements scolaires de la capitale. Elle doit aussi faire quelque chose à l'égard des « parents démissionnaires » qui ne s'intéressent que très rarement à la scolarité de leurs enfants. Dans le cas contraire, ajoute-t-elle, les choses iront de mal en pis. Le président de l'Union, Salah Amaryahia, s'en défend. S'il a soigneusement évité de parler de l'assemblée générale extraordinaire du 22 septembre, l'orateur précise que « l'Union est là uniquement pour défendre les intérêts des élèves et leur assurer de bonnes conditions pour une scolarité dans les normes ». Selon M. Amaryahia, la campagne référendaire a complètement paralysé toutes les activités associatives, y compris celles de l'Union des parents d'élèves. Le président n'a pas dit que « le projet présidentiel portant sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale » figurait dans l'ordre du jour de l'assemblée générale extraordinaire. Par ailleurs, l'orateur s'est félicité du fait que 9000 élèves exclus de l'école ont été réintégrés suite à l'arrêté du ministre de l'Education nationale du 7 octobre, après l'appel lancé par l'Upewa. Quant au positionnement de l'association, le président à eu des mots durs contre l'inspectrice de l'Académie d'Alger : « Nous avons demandé deux fois audience à l'inspectrice, demandes qui sont restées sans suite. Elle ne reçoit ni association ni parents d'élèves », dénonce-t-il. Concernant le travail de l'association, M. Ameryahia précise que c'est de la responsabilité de chaque coordination de proposer des solutions et d'intervenir pour le règlement des problèmes qui se posent dans les écoles. La réunion de jeudi a été aussi l'occasion aux différentes coordinations d'exposer des états de lieux jugés « alarmant » des établissements scolaires. La coordination des Eucalyptus, « la mieux structurée de l'Upewa », selon Amaryahia, s'est faite bruyamment entendre. Les différents membres intervenants ont relevé de « graves carences » dans les écoles de cette localité. « L'unité de dépistage et de suivi (UDS) est toujours fermée, les écoles souffrent de la surcharge des classes (50 élèves par classe) et un manque d'enseignants. La cantine scolaire censée ouvrir ses portes à 150 enfants en accueille 350. De plus, nous ne connaissons pas le transport scolaire aux Eucalyptus », résume le vice-président de la coordination, M. Soussi. De son coté Mme Aziza Mammour, présidente de l'association des parents d'élèves de l'école de réadaptation Ali Ramli (Ben Aknoun), a fait savoir que « l'établissement a opté pour une politique de l'exclusion des enfants handicapés, notamment les trisomiques » à travers le changement des critères d'admission. Selon elle, pour accéder à l'établissement, l'enfant doit désormais passer par l'école publique pour se voir délivré un certificat de scolarité nécessaire à son inscription à Ali Ramli. « Cette situation handicape aussi bien les enfants que leurs parents », relève-t-elle. Par ailleurs, les élèves du lycée Emir Abdelkader, présents dans la salle, tiennent à dénoncer « la mise en place sur mesure de l'association des parents d'élèves passive devant beaucoup d'abus ». A en croire ces lycéennes, l'établissement souffre du manque d'enseignants suite au départ de 24 professeurs. Le zèle des responsables, ajoutent-elles, va jusqu'à fermer le lycée de 7h55 à 13h. « Le lycéen qui arrive à 8h est renvoyé et il est considéré comme absent pendant toute la journée », indiquent-elles. Les parents d'élèves du CEM Grand-Rocher de Aïn Benian, présents également à la réunion, se disent « inquiets » quant au conflit qui perdure entre les enseignants et le directeur de ce CEM et qui pénalise les élèves. L'autre point débattu est le cas des enseignants qui continuent à infliger des châtiments corporels en guise de « correction » de l'élève perturbateur ou fautif. Les différents intervenants ont insisté sur le fait que cette pratique « est formellement interdite par les textes des lois en vigueur dans le secteur de l'éducation nationale », tout en demandant à l'Upewa de faire un effort pour dénoncer ce « tabou ». L'Union des parents d'élèves organisera prochainement une journée d'étude sur « Les atteintes répétées contre les élèves par des associations extrascolaires ».