Mohcine Belabbas a annoncé sa reprise de contact avec des personnalités de l'opposition, dont Benbitour, pour une éventuelle initiative de front commun contre le pouvoir. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a animé, avant-hier en soirée, un débat avec la société civile à Tizi Ouzou. Le conférencier a d'emblée indiqué que "l'austérité est la pire des solutions. Il y a beaucoup de pays qui ont opté pour l'austérité en période de crise et leur situation s'est plutôt aggravée", expliquant qu'avec cette austérité prônée par les dirigeants du pays, "la situation sera inévitablement plus compliquée d'ici peu". Mohcine Belabbas a tiré la sonnette d'alarme sur ce qui peut advenir au pays dans un avenir proche si de vraies solutions ne venaient pas à être envisagées. "Sur le plan financier, il ne reste plus grand-chose. Si en 2013, les revenus du pétrole étaient de 63 milliards de dollars, en 2016, ils n'ont été que de 27 milliards de dollars, soit une baisse de 57%. Des revenus qui couvrent à peine la moitié des importations de notre pays. La situation sera donc de plus en plus difficile car il y aura de plus en plus de projets bloqués, de plus en plus de retards dans le versement des salaires et des retraites", a-t-il prévenu, avant de s'en prendre au gouvernement Tebboune auquel il reproche l'inertie et la mollesse. Pour le président du RCD, il est vrai que dans l'absolu, Tebboune est mieux que Sellal, mais, a-t-il jugé, "ce n'est pas suffisant". Le gouvernement a été, a-t-il poursuivi, formé depuis le 24 mai, "mais depuis, c'est le silence radio". À ses yeux, un Premier ministre, ça commence le travail le jour même de son installation, mais, a-t-il encore déploré, voilà bientôt un mois depuis que le nouveau gouvernement a été installé, et personne ne sait avec certitude si un Conseil des ministres se tiendra ou pas ou quand son programme sera présenté à l'APN sachant qu'avec la nouvelle Constitution, la fin de la session est fixée au 2 juillet. "Avec la dizaine de jours restants, quel débat peut-on espérer ? En réalité les dirigeants ne savent plus quoi faire", dira-t-il, assurant que les solutions existent, mais que, dit-il, "le pouvoir n'écoute pas ou ne veut pas". "Quand on a présenté, à la dernière élection, un programme digne d'un gouvernement, on voulait faire un travail de pédagogie. On voulait dire à ceux qui nous dirigent qu'il y a des solutions, il y a des moyens de sortir de cette dépendance aux hydrocarbures, il y a moyen de trouver d'autres disponibilités financières et même d'exploiter cette crise financière et relancer le pays sur des bases solides. On lui a démontré qu'on peut relancer des secteurs sans trop dépenser", a-t-il encore expliqué, tout en plaidant pour l'ouverture du débat et du dialogue. Interrogé sur le projet de la refondation nationale chère au RCD, Mohcine Belabbas a souligné que c'est un projet qui suscite un important écho dans les wilayas de l'intérieur du pays. "Contrairement à ce que pensent certains, la régionalisation passe mieux dans les wilayas de l'intérieur. On est plus applaudi quand on parle de régionalisation dans les wilayas de l'intérieur comme Tamanrasset, Adrar ou Illizi que dans les villes du Nord comme à Tipasa. C'est tout le monde qui a compris qu'il faut rapprocher les centres de décision du citoyen, avoir des gouvernements et des Parlements au niveau régional", a-t-il fait savoir, non sans prévenir sur la fulgurante montée de l'idée sécessionniste dans certaines régions. "Ce qui est par contre dangereux, c'est que dans les wilayas de l'intérieur, il y a aussi des extrémismes qui sont pires qu'on ne le pense. On pointe du doigt certains en Kabylie de vouloir diviser le pays, mais l'on se trompe énormément. Les extrémismes qui existent dans les wilayas de l'intérieur sont encore pires. Il y a des gens dans le Sud qui veulent la scission et ils sont actifs et très puissants. Il y a même eu un attentat commis en 2004 à l'aéroport de Djanet par un groupe autonomiste", a-t-il déclaré, tout en imputant la responsabilité de cette situation au pouvoir. Interrogé sur les derniers scandales médiatiques concernant de hauts responsables, Mohcine Belabbas a répondu que les déballages médiatiques ne servent qu'à occuper l'opinion. "Les déballages médiatiques ne sont intéressants que lorsque la justice se saisit des dossiers, sinon, ils ne font point avancer les choses." À l'occasion, Mohcine Belabbas a annoncé sa reprise de contact avec des personnalités de l'opposition, dont Benbitour, pour une éventuelle initiative de front commun contre le pouvoir. Samir LESLOUS