L'Allemagne a dénoncé hier l'inclusion dans le projet de nouvelles sanctions américaines contre Moscou d'un paragraphe menaçant un projet de pipeline russe approvisionnant l'Europe en gaz. "C'est pour le moins étrange qu'un texte visant à sanctionner le comportement de la Russie, notamment en ce qui concerne l'ingérence supposée dans les élections américaines, prenne aussi pour cible l'économie européenne. Cela ne doit pas se produire", a estimé Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement allemand. Le Sénat américain a adopté jeudi à une quasi-unanimité de nouvelles sanctions contre la Russie, un texte qui doit encore passer devant la Chambre des représentants et auquel le président américain Donald Trump, soupçonné par des élus de son camp de vouloir engager une détente avec Moscou, pourrait mettre son veto. Ce texte menace entre autres mesures de pénaliser des sociétés européennes participant aux projets d'exportations russes comme le projet controversé du gazoduc Nord Stream 2 qui doit relier la Russie à l'Allemagne, en passant par la mer Baltique. Steffen Seibert a également ajouté que la chancelière Angela Merkel partageait "la préoccupation" formulée jeudi dans un communiqué commun par le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, et le chancelier autrichien, Christian Kern, au sujet du projet de sanctions américaines. "La question de l'approvisionnement énergétique de l'Europe regarde l'Europe, pas les Etats-Unis !", avaient lancé dans leur appel les deux responsables, membres de la même famille politique, les sociaux-démocrates, estimant que cette approche illustrait une "très négative qualité des relations entre l'Europe et les Etats-Unis". "Nous ne pouvons accepter la menace de sanctions extraterritoriales illégales contre des entreprises européennes qui participent au développement de l'offre énergétique européenne !", poursuit le texte.