L'Union européenne s'abstiendra de toute ingérence dans la conclusion de l'accord russo-ukrainien sur la fusion des groupes russe Gazprom et ukrainien Naftogaz, rapportent jeudi les médias étrangers se référant au commissaire européen à l'énergie Gunther Oettinger. "Cette initiative et la proposition de M.Poutine, ainsi que la décision appropriée doivent être adoptées à Moscou et à Kiev, et non pas à Bruxelles", a-t-il indiqué. Vladimir Poutine a proposé de fusionner Gazprom et Naftogaz vendredi 30 avril, lors d'une réunion de la commission intergouvernementale pour la coopération russo-ukrainienne. Le P-DG du géant gazier russe Alexeï Miller a annoncé que les ministres russe et ukrainien de l'Energie s'entretiendraient en mai avec les dirigeants des groupes gaziers afin d'examiner les détails de leur éventuelle fusion. Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé mercredi que la proposition formulée par le chef du gouvernement russe devait être considérée comme l'un des scénarios possibles de coopération dans le secteur gazier, pragmatique et tenant compte des intérêts de l'Ukraine. Pour sa part, le ministre russe de l'Energie Sergueï Chmatko a déclaré que les perspectives de la coopération de Gazprom avec l'ukrainien Nafrogaz, y compris leur éventuelle fusion, n'auront aucun impact sur le projet de gazoduc South Stream. "Il s'agit de deux choses différentes (gazoduc et transit ukrainien). Notre proposition concernant la fusion avec la société (énergétique) ukrainienne est sans rapport avec South Stream", a souligné le ministre. Selon lui, la Russie en réalisant les projets Nord et South Stream, poursuit l'objectif d'assurer des livraisons directes de gaz aux consommateurs européens, en contournant les pays de transit. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a récemment proposé à son homologue ukrainien Nikolaï Azarov de fusionner Gazprom et Naftogaz. Certains experts ont alors commencé à douter du bien-fondé du projet de South Stream appelé à devenir un itinéraire d'alternative pour livrer du gaz russe à l'Europe. En cas de fusion, Gazprom pourra contrôler les gazoducs de transit ukrainiens. D'une capacité de 63 milliards de m3 de gaz, le gazoduc South Stream est appelé à diminuer la dépendance des fournisseurs et des consommateurs vis-à-vis des pays transitaires. Une partie du pipeline passera par le fond de la mer Noire, dans les eaux territoriales turques, et reliera le littoral russe au littoral bulgare. Sa longueur sera d'environ 900 km et sa profondeur maximale, de plus de 2 km. Afin de construire la partie terrestre, plusieurs itinéraires ont été étudiés. Tous passent par le territoire de pays membres de l'Union européenne. S'agissant de l'autre gazoduc russo-européen le North Stream, directeur technique de la société, Sergueï Serdioukov a annoncé que Nord Stream AG, opérateur du gazoduc russo-européen en chantier du même nom, projette comme prévu de débuter l'acheminement de combustible vers l'Allemagne à la fin 2011, a annoncé jeudi le. "Nous achèverons la pose de la première conduite à la mi-2011. Le transport de gaz russe vers l'Allemagne commencera donc à la fin de l'année prochaine", a-t-il indiqué dans un entretien au journal d'entreprise de Gazprom. En 2011, Nord Stream AG mettra en chantier la deuxième conduite du gazoduc qui sera achevée à l'été 2012, selon lui. "La deuxième conduite de Nord Stream sera prête à entrer en service en octobre 2012, tout juste un an après le lancement de la première", conformément au calendrier des travaux, a expliqué le responsable. M.Serdioukov a démenti que Nord Stream AG étudie la possibilité de réaliser, parallèlement au gazoduc, d'autres projets, dont la pose de câbles à fibres optiques sous la mer Baltique. "Le projet de gazoduc a fait l'objet d'une expertise internationale dans le cadre de la Convention Espo (évaluation environnementale du projet dans un contexte transfrontalier, ndlr), et a obtenu l'autorisation de cinq pays de la Baltique. Tout autre projet demanderait de nouvelles concertations au niveau international", a-t-il expliqué. D'une capacité totale de 55 milliards de m3 de gaz par an, le système Nord Stream reliera la ville russe de Vyborg à la ville allemande de Greifswald sous la mer Baltique. Les actionnaires de l'opérateur du projet Nord Stream AG sont le russe Gazprom (51%), les allemands Wintershall Holding et E.ON Ruhrgas (20% chacun), et le néerlandais Gasunie (9%). Le français GDF Suez pourrait bientôt entrer dans le projet à hauteur de 9%.