Le procureur de la République près le tribunal de Bouira s'est déplacé hier en personne dans le village pour mettre en place un dispositif de protection des membres encore en vie de la famille victime de la tuerie. La localité de Maâdhis, ce petit hameau de la commune de Taghzout (7 km environ au nord-est de la ville de Bouira), sorti de l'anonymat la semaine dernière à la faveur d'un triple meurtre, a, de nouveau, été endeuillée, hier, par un autre crime commis par le même meurtrier qui s'en est pris cette fois-ci à son propre frère. En fuite et activement recherché depuis son premier forfait, l'assassin a donc pu revenir à la charge, tuant son frère Abdelkader, âgé de 75 ans. Rencontré au village, B. Ali, le fils de ce dernier, est encore sous le choc et n'arrive encore pas à réaliser ce qui s'est passé. Le visage très pâle et les mains tremblantes, il n'arrive pas à croire que sa famille a été presque entièrement décimée en moins d'une semaine. L'assassin se serait caché dans un buisson proche du domicile de la victime avant de passer à l'acte. Alertés par ce nouveau crime, des éléments de la Gendarmerie nationale se sont rendus sur les lieux, accompagnées de la Protection civile. Les membres de la famille de la victime, en colère contre les autorités qui n'ont pas pu protéger leur père, se sont, d'ailleurs, opposés au transfert de la dépouille aux fins d'autopsie et de procédures. Et malgré de multiples tentatives, la famille n'a fléchi qu'après le déplacement sur les lieux hier, vers 11h, du procureur de la République près le tribunal de Bouira, qui a à l'occasion, procédé à l'installation des gendarmes autour du domicile des victimes pour assurer la sécurité des rescapés de la tuerie. Le corps du septuagénaire a donc finalement été transféré vers l'hôpital Mohamed-Boudiaf de Bouira pour autopsie. La Gendarmerie nationale, appuyée par des éléments de l'ANP, a déclenché une vaste opération de ratissage pour arrêter le meurtrier en cavale, nous a confié le colonel Kamel Mahdjoub Araibi, commandant du groupement de gendarmerie de la wilaya de Bouira. "Tous les moyens humains et matériels sont mobilisés pour l'arrestation du fugitif et les complices seront punis", a-t-il promis dans une déclaration à Liberté. Un des fils du père de famille assassiné hier s'est confié sur les circonstances de la nouvelle incursion du meurtrier dans le village. "C'est aux environs de 7h du matin que mon défunt père est sorti avec un sac poubelle, accompagné de mon grand frère. Moi, j'assurais la garde du haut de la maison. Tout à coup, j'ai entendu deux coups de feu en direction de mon père qui s'est écroulé, puis un troisième coup de feu. L'assassin a tenté de recharger son fusil pour tirer sur mon frère, mais j'ai tout de suite riposté en le visant. Il y a eu un échange de coups de feu entre nous, puis il s'est enfui", nous a-t-il raconté, la gorge nouée par l'émotion. Pour rappel, l'assassin avait tué, le 11 juin dernier, trois membres de la famille de son frère, à savoir sa belle-sœur, son neveu et sa nièce. Un différend familial lié à un chemin de passage est à l'origine de ce drame qui s'est poursuivi malheureusement hier avec un nouvel épisode qui a vu le meurtrier tuer son frère. Le litige remonterait à près de quarante ans. Plusieurs tentatives de réconciliation avaient été menées par les notables du village, en vain. Selon nos sources, le fugitif disposerait de près d'une centaine de cartouches et aurait promis de tuer plusieurs personnes avant de se rendre. Il est à noter que le meurtrier, un berger ayant passé une grande partie de sa vie dans les alpages de la région, connaît parfaitement la région, ce qui a rendu son arrestation très difficile. A. DEBBACHE