Les chefs de groupes parlementaires se sont exprimés, hier en fin d'après-midi, sur le plan d'action du gouvernement Abdelmadjid Tebboune. Le premier à intervenir a été Djelloul Djoudi du Parti des travailleurs. Il a tenu à souligner que la séparation entre la politique et les milieux d'affaires à laquelle appelle le Premier ministre est une vieille revendication du PT. "Pour nous, cette séparation doit concerner toutes les hautes fonctions de l'Etat y compris les mandats parlementaires. Nous constatons qu'actuellement, il n'existe pas de structures de contrôle susceptibles de mettre fin à de telles situations, soutenues par des lois qui restent à promulguer. Il n'y a pas non plus une obligation de déclaration de patrimoine. Il faut que l'immunité parlementaire ne soit plus un moyen de sanction ou d'enrichissement illégal et d'atteinte aux lois." Djelloul Djoudi exhorte l'Exécutif à présenter le bilan des privatisations et de l'Agence nationale de l'investissement (Andi) et de procéder à la révision de la loi sur l'investissement, actuellement "favorables aux hommes d'affaires algériens et étrangers". Le chef du groupe parlementaire du PT revendique également une hausse des pensions de retraite et une réforme fiscale imposant un impôt sur la fortune. Le chef du groupe parlementaire MSP, Nacer Hamdadouche, pense que le plan d'action du gouvernement manque de cohérence et ne fixe pas les délais et les objectifs à réaliser. Pour le MSP, le nouveau modèle économique est "flou et non réalisable dans des conditions de crise financière, d'augmentation de la consommation locale, de dépenses publiques, ainsi que dans un contexte de dépréciation de la monnaie nationale". Cette formation politique considère que le programme du président de la République élaboré en 2014, du temps de l'aisance financière, n'est plus applicable en 2017. "Si en temps d'aisance financière, on a recensé 14 000 mouvements de protestation par an, qu'en sera-t-il avec la mise en œuvre d'une politique d'austérité ? Ce sont les politiques antérieures menées par les gouvernements successifs qui ont assassiné le programme du Président. Le Premier ministre connaît parfaitement ceux qui ont, à l'intérieur du gouvernement, entravé le financement des logements. Nous considérons que le danger réel sur le développement vient de l'intérieur du pouvoir et non de l'extérieur." Bouaïche Chafaâ, chef du groupe parlementaire FFS, déplore la non-présentation devant l'Assemblée nationale du bilan du gouvernement Sellal, ce qui est une entorse à la Constitution, précise-t-il. Quant au plan d'action d'Abdelmadjid Tebboune, il le qualifie de "piètre copie de la feuille de route de Sellal. C'est un catalogue d'effets d'annonce sans délais de réalisation". Il considère que ses principaux chapitres se projettent à l'horizon 2030, sans donner de solutions immédiates à la détérioration du pouvoir d'achat et à la crise financière dans laquelle se débat actuellement le pays. "La diversification de l'économie nationale n'a aucun sens si elle n'est pas intégrée dans une stratégie nationale qui préserve les acquis sociaux." Chafaâ Bouaïche dénonce les accusations portées par le parquet général de la cour de Ghardaïa à l'encontre des militants du FFS. "Cette démarche est en contradiction avec le principe de la consécration de l'Etat de droit", dit-il. Belghouti, du Front El-Moustakbel, reproche au plan du gouvernement de ne pas définir les sources de financement ni de déterminer les mécanismes de réalisation des objectifs qui y sont fixés. "C'est un simple ensemble de vœux pieux." Il ajoute : "L'Exécutif s'est basé dans l'élaboration du plan d'action sur le PIB, sans prendre en compte d'autres paramètres." Lakhdar Benkhalef, chef du groupe parlementaire de l'alliance Ennahda-Adala-Bina, appelle le pouvoir à tirer les enseignements du boycott qui a marqué le dernier scrutin législatif. "La fraude constatée lors des dernières élections s'est étendue, malheureusement, au gouvernement et aux structures de l'APN à travers la pratique de l'exclusion et de la privation de notre droit garanti par la Constitution de faire partie du bureau de l'Assemblée, en appliquant une règle de représentation autre que celle en vigueur depuis la première législature", déplore Lakhdar Benkhalef. Le plan d'action du gouvernement est davantage, pour le leader parlementaire de l'alliance Ennahda-Adala-Bina, un instrument de "cohabitation avec la crise, un moyen pour la résoudre". Il conclut : "Les gouvernements viennent et partent. Mais les ministres de l'échec et de la corruption restent toujours." N. H.