Alors que le Premier ministre s'apprêtait à présenter, hier dans la soirée, le plan d'action du gouvernement à l'APN, les groupes parlementaires de l'opposition ont qualifié ce plan d'abstrait. Le PT, le FFS, le MSP et l'alliance Ennahda-Bina-Adala, qui se sont accordés à dire que le document est dépourvu de chiffres, de délais et mécanismes de concrétisation des mesures annoncées, réclament le bilan des précédentes politiques gouvernementales. Le groupe parlementaire du Parti des travailleurs compte demander, durant le débat qui s'ouvre aujourd'hui, le bilan des privatisations et des crédits dont ont bénéficié des hommes d'affaires. C'est ce que nous a déclaré hier le député Ramdane Taâzibt, en marge de la plénière consacrée au vote du bureau de l'Assemblée nationale et des commissions permanentes. "Le fait que le gouvernement n'envisage pas le recours à l'endettement extérieur est une bonne chose, mais nous avons des questions à poser sur la séparation de la politique des milieux d'affaires. En somme, sur la moralisation de la vie publique. Est-ce que les députés qui ont un mandat électoral et les ministres nommés au gouvernement continueront à diriger leurs affaires ? Nous voulons des clarifications concernant ces cas de conflits d'intérêt." Ramdane Taâzibt estime que le plan d'action du gouvernement ne semble pas tenir compte des conséquences de la crise économique sur le plan social. "Il ne dit pas non plus si l'Etat va récupérer les 12 000 milliards d'impôts non recouvrés. On a l'impression aussi que les collectivités locales vont être abandonnées à leur sort et que la fiscalité locale va davantage augmenter et appauvrir la population." Le PT n'envisage pas de voter en faveur de la feuille de route de l'Exécutif dans sa version actuelle. "Nous allons d'abord voir si le Premier ministre va prendre en compte nos nombreuses réserves et préoccupations." Chafaâ Bouaïche, chef du groupe parlementaire FFS, estime que le document est "un ensemble de généralités et de mauvaise littérature, pauvre en chiffres et en délais". Le FFS et l'alliance Ennahda-Bina-Adala regrettent l'absence de présentation de bilans des précédents gouvernements. "Le gouvernement a dilapidé le foncier et on ne connaît pas la liste des bénéficiaires ; c'est le cas pour les licences d'importation qui sont actuellement une véritable source de corruption", soutient Chafaâ Bouaïche. "Les députés sont réduits à lever la main pour voter le plan d'action de l'Exécutif sans contrôler les conséquences de son application sur le terrain", déplore, pour sa part, le chef du groupe parlementaire de l'alliance Ennahda-Bina-Adala. Pour Lakhdar Benkhellaf, le document d'Abdelmadjid Tebboune est "la photocopie des programmes des gouvernements Sellal depuis 2012. C'est du copier-coller, avec une constance : le maintien de deux ministres. Ceux de l'échec et de la corruption". Le RND et le FLN ont, quant à eux, salué le contenu du document gouvernemental qui s'inscrit "dans la mise en œuvre du programme du président de la République, tout en s'adaptant à la conjoncture financière difficile que traverse le pays". Jusqu'à hier en début d'après-midi, ils étaient 220 députés inscrits sur la liste des intervenants qui restera ouverte jusqu'à la fin de la présentation du plan d'action du gouvernement. N. H.