Il est également reproché au MSP d'avoir été "complice dans le complot programmé par la coalition". Le président du groupe parlementaire de l'alliance Ennahda-Bina-Adala accuse le secrétaire général de l'Assemblée nationale, Bachir Slimani, d'avoir violé les dispositions de la Constitution qui garantissent à l'opposition le droit d'être présente dans les structures de l'APN. Lakhdar Benkhallef reproche à ce dernier d'avoir envoyé, la veille de la réunion sur la répartition des postes de vice-président et les commissions permanentes, un document aux groupes parlementaires les incitant à l'application de la deuxième disposition de l'article 13 du règlement intérieur de la Chambre basse. Cette disposition donne la priorité à la majorité pour désigner une liste commune des vice-présidents de l'APN et de la soumettre par la suite pour adoption en plénière. Le FLN et le RND ont ainsi renforcé leur présence dans le bureau de l'Assemblée et obtenu un plus grand nombre de commissions permanentes. En recourant à cette procédure, l'Assemblée nationale marque une rupture avec la méthode adoptée depuis la première législature pluraliste. À savoir, le calcul des quotas des postes à la proportionnelle, au prorata du nombre de députés obtenu par chaque parti politique au dernier scrutin législatif par rapport au nombre global des membres de la première Chambre du Parlement. Lakhdar Benkhallef affirme avoir adressé au président de l'APN, Saïd Bouhadja, une correspondance dans laquelle le groupe parlementaire qu'il préside conteste ces pratiques. Il n'a pas obtenu de réponse. C'est la preuve, selon l'alliance Ennahda-Bina-Adala, qu'il est de connivence dans ce qu'elle qualifie de "falsification de structures de l'Assemblée". Il ajoute que des députés de la majorité parlementaire lui ont confié avoir reçu des directives de la part de leurs chefs de partis respectifs pour cautionner la démarche. "Ce qui vient de se passer augure des alliances pour les prochaines présidentielles", commente ce parlementaire. Eu égard du nombre de sièges qu'elle occupe au sein de l'hémicycle, l'alliance des islamistes composée d'Ennahda, d'El-Adala et du mouvement Bina ambitionnait de décrocher un poste de vice-président et de présider au moins une commission permanente. Cependant, le mode de désignation adopté lors de la réunion de lundi dernier ne lui a pas permis d'atteindre cet objectif. Il est reproché au MSP d'avoir été "complice dans le complot programmé par la coalition". "Nous n'allons pas nous taire sur cette affaire qui vise à exclure l'opposition de son droit d'être représentée au sein des structures de l'APN", écrit le député Hassan Laribi, dans une déclaration postée sur son compte Facebook. L'attitude du MSP a provoqué également la colère du FFS. Le président du groupe parlementaire de ce parti, Chaffaa Bouaïche, a apostrophé le MSP sur cette décision. "J'ai tenu à interpeller les partis qui veulent intégrer le bureau, après l'avoir boycotté en 2012, de nous expliquer ce qui a changé durant ces cinq ans." Il ajoute : "Les partis qui intègrent les structures ne peuvent pas se considérer comme partis d'opposition." La position du MSP, qui a refusé récemment d'intégrer le gouvernement, est, en effet, déroutante. Quel que soit le mode de répartition des quotas choisi, il aurait obtenu le même résultat : soit un poste de vice-président et une commission. Alors pourquoi avoir soutenu la démarche de la majorité parlementaire qu'il a ainsi intégrée de fait ? Le FFS et le PT qui ont boycotté les structures de l'APN se sont prononcés aussi contre le dikdat de la majorité. Il faut s'attendre à une plénière mouvementée lors du vote sur la composante des instances de l'APN. Aucune date n'a été avancée pour l'instant. Pourtant la séance plénière doit absolument être programmée plusieurs jours avant la programmation de la déclaration de politique générale du gouvernement annoncée pour le 18 juin. Sauf si ce passage sera décalé. Nissa Hammadi