Le débat consacré, jeudi dernier, par l'APW de Tizi Ouzou à la situation de l'alimentation en eau potable dans la région a révélé que malgré la disponibilité de la ressource et l'importance des investissements consentis dans le secteur, la situation demeure "critique" cette année encore, où alors que la saison estivale vient à peine de débuter, la population locale commence déjà à crier sa soif. Dans leurs rapports sur la situation, la direction des ressources en eau de la wilaya et la commission de l'hydraulique de l'APW ont, de prime abord, souligné que le potentiel hydrique de Tizi Ouzou s'élève à 1,1 milliard de m3, soit le plus important patrimoine hydrique au niveau national, que d'importants efforts ont été consentis par l'Etat dans ce secteur, que le volume alloué à la wilaya par le seul barrage Taksebt est de 65 millions m3/an, que le taux de raccordement au réseau d'alimentation est de 98,8% et que la dotation journalière a atteint les 165 litres par habitant. Théoriquement, à la prise de connaissance de ces indicateurs, le stress hydrique n'est plus à craindre comme l'ont souvent ressassé les responsables locaux et les ministres en déplacement dans la région, mais concrètement, même les villages situés à proximité du barrage Taksebt souffrent le martyre. C'est le cas dans les localités d'Irdjen, Larbâa Nath Irathen et Beni Douala où l'eau ne coule des robinets qu'à raison d'une heure ou deux par semaine. Que dire des autres localités éloignées lorsque même à Oued Aïssi, à une centaine de mètres en contrebas de ce barrage, la population a déjà procédé à la fermeture de la route pour protester contre les longues coupures d'eau. C'est dire que le rapport de la direction des ressources en eau, qui affirmait que la population de l'axe Taksebt-Fréha-Azazga qui alimente 13 chefs-lieux communaux et 240 villages reçoit l'eau 16h par jour avec une dotation de 120 l/j, ne peut être que truffé de contre-vérités. Pour le président de l'APW qui intervenait à l'ouverture de la session, "malheureusement, toutes les régions de la wilaya sont touchées par la rareté de l'eau potable". "Un paradoxe que nous n'arrivons pas à comprendre : d'une part on nous dit que la wilaya est la plus riche au niveau national en matière hydrique mais hélas, sur le terrain, et c'est là qu'il y a la réalité, le constat est tout autre puisque le rationnement est toujours de mise, de nombreux villages ne reçoivent de l'eau qu'à raison d'une seule fois par semaine, dans d'autres une fois toutes les deux ou trois semaines et pis encore, dans certains villages l'eau n'arrive jamais car les réseaux de distribution ne sont pas réalisés après bientôt 60 ans d'indépendance", a-t-il dénoncé avant de s'interroger : "Allons-nous revivre encore le même feuilleton cet été ? Avons-nous fait ce qu'il y a lieu de faire pour anticiper ce genre de situation ?" Ce qui n'est pas exclu puisque, selon les responsables du secteur, le taux de remplissage du barrage Taksebt, principale réserve de la wilaya, n'est que de 52% alors que nous ne sommes qu'au début de l'été. Si de son côté, l'APW a pointé du doigt la gestion de l'eau, donc son acheminement et sa distribution, la forte disparité dans la distribution à travers les communes dont certaines reçoivent 300 litres par habitants alors que d'autres ne reçoivent que 20 litres ainsi que la vétusté du réseau et son mauvais entretien faute d'une réelle politique de rénovation, l'administration a préféré encore s'étaler sur les perspectives du secteur en revenant sur les projets dont a bénéficié la wilaya et dont certains sont évoqués depuis des décennies mais sans jamais voir le jour. Samir LESLOUS