Considéré comme le principal obstacle empêchant le gouvernement d'union nationale, reconnu par la communauté internationale, d'asseoir son pouvoir, le maréchal Khalifa Haftar renforce davantage sa position d'élément incontournable dans les négociations inter-libyennes. Nouveaux développements sur la scène libyenne avec l'annonce par le maréchal Khalifa Haftar, homme de la "libération totale" de la ville de Benghazi des terroristes. Principal rival du chef du gouvernement d'union nationale, dirigé par Fayez As-Sarraj, et issu de l'accord inter-libyen de Skhirat (Maroc), Haftar conforte sa position en devenant maître de la seconde ville libyenne. Il va falloir au chef du gouvernement libyen traiter directement avec lui s'il veut trouver une solution au bras de fer qui les oppose. Dans un discours télévisé mercredi soir, le maréchal Khalifa Haftar a annoncé : "Après une lutte continue contre le terrorisme et ses agents, qui a duré plus de trois ans (...) nous vous annonçons la libération de Benghazi du terrorisme. Une libération totale..." Il a notamment rendu hommage "aux caravanes de martyrs" tués dans les combats contre les djihadistes, ajoutant que Benghazi entrait aujourd'hui "dans une nouvelle ère de paix, de sécurité, de réconciliation (...) et de reconstruction". Pour rappel, le maréchal Haftar avait lancé au cours du printemps 2014 une opération qu'il a appelée "Dignité" pour reprendre la ville de Benghazi, bastion de la révolution libyenne de 2011 qui était alors tombée aux mains des terroristes. Parmi les groupes armés actifs dans cette deuxième ville de Libye, figuraient le Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi, une coalition de milices islamistes comprenant notamment des membres présumés de l'organisation autoproclamée Etat islamique et d'Ansar Asharia, un groupe proche d'Al-Qaïda qui a annoncé sa dissolution fin mai. Ceci étant, les forces loyales à Khalifa Haftar avaient annoncé plus tôt dans la journée de mercredi une importante percée dans les derniers bastions des terroristes à Benghazi. Jusqu'à maintenant, deux autorités se disputent le pouvoir en Libye. D'un côté, il y a le gouvernement d'union nationale basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et de l'autre côté, des autorités non reconnues basées dans l'est du pays, dont fait partie le maréchal Haftar. Ancien dignitaire du régime Kadhafi qui a aussi vécu aux Etats-Unis, il est accusé par ses rivaux, en particulier les puissantes milices de Misrata, de vouloir instaurer un régime militaire en Libye. Ayant pu s'appuyer sur le soutien de l'Egypte voisine ainsi que des Emirats arabes unis, avant de se rapprocher de la Russie début 2017, il s'est imposé dans l'Est libyen. Alors qu'aucun poste ne lui a été attribué dans l'accord politique inter-libyen conclu fin 2015 et qui avait abouti à la formation du GNA, le maréchal Haftar s'est imposé comme un interlocuteur indispensable, notamment après s'être emparé de quatre terminaux pétroliers dans l'Est, d'où s'exporte la majorité du pétrole libyen. Merzak Tigrine