La représentante de la diplomatie américaine à Alger en fin de mission a, lors de sa visite de courtoisie effectuée hier au quotidien "Liberté", bien voulu nous accorder un entretien au cours duquel elle dresse un bilan succinct de la coopération entre les deux pays. Liberté : Pouvez-vous dresser le bilan des relations politique et économique entre l'Algérie et les Etats-Unis ? Mme Joan A. Polaschik : Pour le bilan, cela fait trois ans que je suis en Algérie. Durant cette mission, tous les responsables à Washington m'ont dit que c'est le moment qu'il faut pour développer davantage les relations avec l'Algérie. Ce sont des relations historiques. La coopération ne se limite pas, comme auparavant, aux dossiers sécuritaires et aux hydrocarbures. Il y a beaucoup de choses qu'on peut faire et je crois qu'ici, en Algérie, il y a la même volonté du côté du gouvernement algérien. Le gouvernement algérien voulait également développer davantage les relations bilatérales. D'abord, il y a là toujours la sécurité régionale, mais ce n'est pas seulement la lutte contre le terrorisme. En fait, il y a aussi les efforts pour résoudre les problèmes régionaux de manière pacifique. L'Algérie a fait des choses exceptionnelles au Mali et en Libye. Les Etats-Unis apprécient beaucoup les efforts de l'Algérie dans ce domaine. L'Algérie travaille également dans le renforcement des capacités de ses voisins. C'est quelque chose que mon gouvernement est en train de faire aussi. Sur le volet économique. Bien sûr, il y a des relations exceptionnelles dans le domaine des hydrocarbures. Mais il y a d'autres projets de partenariat hors hydrocarbures. On a développé la coopération dans le domaine de l'agriculture notamment. Il y a aussi le grand projet de General Electric (GE). Ce n'est pas seulement le Geat de Batna (ndlr usine de fabrication de turbines à gaz en partenariat entre Sonelgaz et GE) mais également le contrat (plus récent ndlr) pour l'entretien de toutes les turbines à gaz en exploitation. Avec ce contrat, GE va produire les pièces de rechange pour les turbines à gaz ici en Algérie. Donc, l'Algérie est entrée dans tout le réseau mondial de GE (ndlr elle peut accéder à ce réseau international et exporter ces pièces sous licence GE). Et ça c'est important. Troisièmement, nous avons fait beaucoup de choses pour rapprocher nos deux peuples. Ça marche très bien. Il y a beaucoup de programmes de coopération technique, y compris de l'enseignement de la langue anglaise, des programmes d'enseignement qui ont doublé en direction des jeunes. Nous faisons beaucoup pour promouvoir l'entrepreneuriat des jeunes et le renforcement de leurs capacités d'entreprendre. Donc au total, nous avons ensemble bien développé les relations entre les deux pays. Il y a eu une mission d'hommes d'affaires algériens aux Etats-Unis au printemps 2016. Y a-t-il eu des contrats de partenariat conclus qui sont aujourd'hui en voie de concrétisation ? En fait, ils ont bien signé plusieurs contrats, l'un dans le domaine de la construction, dans lequel une société américaine va entrer en partenariat avec une société algérienne dans le domaine de la construction écologique, en un mot introduisant les technologies vertes pour protéger l'environnement. Il y a plusieurs projets dans d'autres domaines. D'habitude, il y a essentiellement des projets dans le secteur des hydrocarbures. Maintenant, il y a plusieurs projets dans d'autres secteurs hors hydrocarbures. Que reste-t-il à améliorer au plan du climat des affaires en Algérie du point de vue des investisseurs américains ? Ce n'est pas seulement l'avis des investisseurs américains mais aussi d'opérateurs algériens. La bureaucratie reste très lourde en Algérie. C'est difficile d'enregistrer une société en Algérie. Le système bancaire est compliqué. Ils constatent des limitations dans le libre-échange (échanges commerciaux) et pour le transfert des bénéfices des sociétés américaines implantées en Algérie. Et le fait que le dinar ne soit pas convertible constitue une difficulté pour ces investisseurs. La règle du 51/49 constitue-t-elle un handicap pour l'investissement américain en Algérie ? C'est une question compliquée. Il y a des compagnies américaines comme Général Electric qui sont à l'aise, que le 51/49 ne dérange pas. Mais pour les autres sociétés, surtout les PME américaines, c'est une difficulté. Les gouvernements ont intérêt à développer les PME. Parce que les PME sont le moteur de la croissance. C'est compliqué pour ces PME américaines de s'engager en Algérie avec le 51/49. Si l'Algérie veut ouvrir son économie, je pense qu'elle va attirer encore plus d'investissements si cette règle est assouplie. Comment voyez-vous l'impact de l'investiture de Donald Trump sur les relations algéro-américaines ? Je crois que les priorités pour le nouveau président américain sont à peu près les mêmes qu'avant : si vous visitez le site web de la Maison-Blanche, vous pouvez lire que la priorité 1 pour le président Trump, c'est la lutte contre le terrorisme. Et l'Algérie est un partenaire excellent dans ce domaine. Parce qu'elle a malheureusement vécu une expérience assez difficile. La priorité pour l'Algérie est la promotion de la sécurité régionale. Tout ce que fait l'Algérie pour promouvoir la paix au Mali et en Libye est très important. Les priorités pour nos deux pays en un mot sont la lutte contre le terrorisme. Ce sera la continuation des relations bilatérales dans ces deux domaines. L'autre priorité pour le président Trump, c'est la promotion d'une croissance économique. C'est la même priorité en Algérie. Bien sûr le président Trump veut défendre les intérêts des sociétés américaines et promouvoir l'emploi aux Etats-Unis. C'est le même but en Algérie. Les membres du gouvernement algérien m'ont toujours dit qu'il faut développer le partenariat dans l'esprit gagnant gagnant. C'est le même but pour le président Trump. À mon avis, les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis vont continuer dans la même direction. Je ne vois que de bonnes choses à l'avenir dans le domaine du partenariat algéro-américain.