Après avoir affiché une certaine distance par rapport à la crise libyenne, Donald Trump revoit sa feuille de route et compte jouer un rôle de premier ordre. Les Etats-Unis semblent prêts à reprendre en main la gestion de l'épineux dossier libyen, en multipliant les contacts, depuis quelque temps, avec les responsables politiques, militaires et tribaux dans ce pays, ravagé par la guerre depuis six ans. Jeudi, l'ambassade américaine en Libye a révélé, dans un communiqué rendu public sur son site, la tenue d'une rencontre secrète dimanche à Amman (Jordanie) entre son ambassadeur en Libye, Petter William Bodde, et le controversé maréchal Khalifa Haftar. "Les Etats-Unis sont totalement déterminés à travailler avec l'ensemble des Libyens pour aider la Libye à retrouver sa stabilité et à mettre fin à la guerre. Pour cela, les Etats-Unis sont entrés en contact avec un large éventail de personnalités politiques et militaires libyennes", a souligné le communiqué, confirmant les informations rapportées par les médias internationaux depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président américain avait pourtant affiché au début de son mandat une certaine distance par rapport à la gestion par les Etats-Unis de la crise libyenne, ce ne semble plus être le cas aujourd'hui, en raison des enjeux géostratégiques qui font courir aussi bien Washington que Moscou ou les capitales européennes, en premier lieu Rome, Paris et Berlin. Ce changement de cap a été confirmé par deux responsables au sein de l'administration américaine, cités par la chaîne CNN, sous le couvert de l'anonymat. Selon la chaîne d'information continue, Washington est sur le point de finaliser une nouvelle approche diplomatique et militaire pour la Libye. Cette approche vise à renforcer le rôle diplomatique des Etats-Unis, en ouvrant probablement son ambassade à Benghazi, après sa fermeture en 2012, causée par la mort dans une attaque terroriste de son ambassadeur Christopher Stevens et de trois autres diplomates. La rencontre avec Khalifa Haftar confirme le rapprochement avec les autorités de l'Est libyen, déjà soutenues par l'Egypte, les Emirats arabes unis, la Jordanie et l'Arabie Saoudite. Sur le plan militaire, Washington est disposé à partager les renseignements pouvant renforcer la lutte antiterroriste dans ce pays, où le Pentagone a mené plusieurs opérations aérienne contre Al-Qaïda et la branche libyenne du groupe autoproclamé Etat islamique, dont le fief était à Syrte. CNN a d'ailleurs révélé que la Maison-Blanche étudie la possibilité d'envoyer de façon rotative jusqu'à 50 soldats des forces d'opérations spéciales pour le partage de renseignements et le contre-espionnage. Washington prévoit aussi un programme de formation en faveur de l'armée libyenne, selon CNN. L'Italie a déjà formé des membres de la garde présidentielle du gouvernement d'union nationale à Tripoli. La France s'est montrée, elle aussi, prête à en faire de même. Néanmoins, les Etats-Unis affirment continuer à soutenir le dialogue politique libyen-libyen, estimant que la solution est d'abord inter-libyenne. "Il revient aux Libyens de consacrer la réconciliation politique dans leur pays", a souligné le communiqué de l'ambassade américaine. Lyès Menacer