Les révélations concernant les soupçons de collusion entre l'équipe de Donald Trump et Moscou se succèdent. Après avoir annoncé que le gendre du président était dans le viseur du FBI, The Washington Post révèle que Jared Kushner a proposé de mettre en place un canal secret de communication avec le Kremlin. Jared Kushner, mari d'Ivanka Trump, la fille préférée du président, est sur l'écran radar du FBI, mais sans que cet influent et très discret conseiller soit pour autant considéré comme un suspect dans l'enquête de la police fédérale, rapportaient jeudi 25 mai des médias américains. "Les enquêteurs se concentrent sur une série de réunions qu'a eues Jared Kushner (...) dans le cadre de leur enquête sur l'ingérence russe dans l'élection de 2016", avait déjà affirmé plus tôt vendredi le Washington Post, citant des sources proches de l'enquête. Selon la télévision NBC, les policiers "pensent que Kushner a des informations importantes". La presse américaine prend cependant bien soin de préciser que le gendre de Donald Trump n'est ni la "cible" principale de cette enquête tentaculaire, ni soupçonné du moindre délit. De nouveaux éléments accablants pour le mari d'Ivanka Trump. Jared Kushner, le gendre et conseiller du président américain Donald Trump, a demandé début décembre à l'ambassadeur russe à Washington d'établir un canal secret de communication avec le Kremlin, a rapporté vendredi The Washington Post, citant des responsables américains. Il a suggéré d'utiliser des bâtiments diplomatiques russes L'ambassadeur russe Sergueï Kisliak a rapporté à ses supérieurs que Jared Kushner, devenu depuis conseiller en affaires étrangères du nouveau locataire de la Maison Blanche, avait formulé cette demande en suggérant d'utiliser des bâtiments diplomatiques russes, selon des interceptions de communications russes vues par ces responsables. L'époux d'Ivanka Trump a fait cette proposition lors d'une rencontre avec l'ambassadeur le 1er ou le 2 décembre dernier à la Trump Tower de New York, après l'élection du milliardaire. L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn -poussé à la démission en février pour avoir menti sur ses contacts avec l'ambassadeur russe- participait également à cette rencontre. Une rencontre avec un banquier russe Le FBI, qui enquête depuis juillet sur une éventuelle "coordination" entre des proches de Donald Trump et Moscou, regarde de près cette rencontre ainsi qu'une autre de Jared Kushner avec un banquier russe, Sergueï Gorkov. Ce dernier est président de la banque publique russe Vnesheconombank, sanctionnée par les Etats-Unis depuis 2014 en raison du conflit en Ukraine. La pression monte sur la Maison Blanche, empêtrée dans l'affaire des ingérences russes dans la présidentielle américaine. Les médias américains avaient rapporté plus tôt vendredi que le gendre de Donald Trump était visé par l'enquête du FBI mais n'était pas considéré comme un suspect. L'ancien directeur de la police fédérale, James Comey, limogé par le président, doit témoigner prochainement devant le Congrès. «Espionnage» «Si un officier du renseignement américain avait fait quelque chose comme ça, nous l'aurions considéré comme de l'espionnage», a réagi l'ancien directeur de la CIA sous la présidence de George W. Bush, John McLaughlan, sur la chaîne MSNBC, résumant le sentiment de stupeur à Washington. L'ancien directeur de l'agence de renseignement américaine NSA, Michael Hayden, voit de son côté une dangereuse ignorance dans l'attitude prêtée à Jared Kushner. «Quel degré d'ignorance, de chaos, d'arrogance, de suspicion, de mépris faut-il avoir pour penser que faire cela avec l'ambassadeur russe est une bonne idée?» s'est-il interrogé sur la chaîne CNN. Homme d'affaires devenu conseiller du président en politique étrangère, Jared Kushner, 36 ans est considéré comme faisant partie de la garde rapprochée du président américain et bénéficie d'un large portefeuille de responsabilités et d'une influence considérable à la Maison Blanche. Il est notamment un intermédiaire central en matière de politique étrangère. Son avocat, Jamie Gorelick, a indiqué que Jared Kushner «s'était déjà volontairement proposé de partager avec le Congrès ce qu'il sait de ces rencontres. Il en fera de même pour toute autre enquête». Selon le New York Times, la Maison Blanche est en train de mettre en place une cellule de «communication de crise» pour tenter de distancer l'administration Trump de l'ampleur grandissante du scandale. Autour du président Donald Trump est arrivé dans la soirée de samedi à Washington après son premier voyage à l'étranger. Il espérait que ce déplacement lui apporterait un répit, mais les révélations concernant l'affaire russe se sont intensifiées. Le président a déjà dû se séparer de son précédent conseiller à la Sécurité nationale, Michael Flynn. Plusieurs membres de son équipe de campagne - en particulier son ancien directeur de campagne Paul Manafort - sont de plus ciblés par l'enquête du FBI. Mais l'enquête du FBI, désormais dirigée par un procureur indépendant, Robert Mueller, sur une possible «coordination» entre l'équipe de campagne de Donald Trump et des responsables russes, semble aussi se resserrer autour du président. Donald Trump lui-même est soupçonné d'avoir fait pression sur plusieurs responsables du renseignement américain pour l'aider à contrer cette enquête. Les choses pourraient encore se compliquer pour l'exécutif américain avec le témoignage très attendu la semaine prochaine de l'ancien directeur du FBI limogé par Donald Trump, James Comey, devant le Congrès. Plusieurs enquêtes Outre l'enquête du FBI, deux autres enquêtes parlementaires sont en cours par les commissions du Renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants. Toujours selon le New York Times, la commission sénatoriale a demandé à l'équipe politique de M. Trump de «rassembler et fournir tous les documents, courriels et enregistrements téléphoniques liés à la Russie depuis le lancement de sa campagne en juin 2015».