La formation d'un gouvernement inclusif en Libye, réunissant toutes les parties libyennes sans exception est la seule solution possible en mesure d'éviter la «polarisation» du conflit dans ce pays, a estimé l'ancien envoyé spécial américain pour la Libye, Jonathan Winer. S'exprimant au cours d'un débat sur la «Libye d'après Daech», organisé à Washington par le Think Tank américain Carnergie Endowement for International Peace, M. Winer a indiqué qu'en tant qu'envoyé spécial de Washington il avait évoqué «cette question avec le général Haftar et ses représentants en les incitant à choisir la voie des urnes». Pour autant, il a considéré que «le gouvernement inclusif escompté doit nécessairement inclure Haftar» mais cet exécutif doit être «sous contrôle civil» et «élargi également à toutes les factions libyennes, y compris le mouvement des Frères Musulmans, interdit d'activer dans certains pays». «Nous réitérons le message de l'ONU la conquête ne pourra pas fonctionner», a-t-il déclaré, au cours de ce débat auquel était présent l'ancien secrétaire d'Etat adjoint et actuel président de Carnegie, William Burns. Si le diplomate américain s'est longuement étalé sur les tentatives diplomatiques de Washington de rétablir la paix en Libye, il n'a nullement mentionné l'échec de l'intervention militaire de 2011 en Libye, reconnu par le président Barack Obama lui-même. M. Winer a tenu en revanche à expliquer que Washington n'avait «pas influencé» le processus de désignation du gouvernement d'union nationale libyen et qu'elle a eu à «expliquer cette position de non ingérence aux pays impliqués dans le processus de paix en Libye». De même, il a ajouté que l'idée qui a émergé en 2014 de recourir à la mise en place d'un «gouvernement technocrate pour mettre fin au blocage politique persistant en Libye», a été rejetée par l'administration américaine «de crainte de faire endosser aux Etats-Unis son éventuel échec». La proposition, cautionnée au début par Washington et Londres pouvait être interprétée comme «un comportement colonial», a-t-il dit en ajoutant que les Libyens ont toujours tenu à ce «qu'aucune partie ne leur dicte ce qu'ils doivent faire». Dans le même sillage, le diplomate s'est abstenu de se prononcer sur les perspectives de la gestion du dossier libyen par la nouvelle administration américaine, alors que des rapports d'analystes font état d'une éventuelle «médiation alternative» qui pourrait être enclenchée par le président Donald Trump en dehors du cadre existant de l'ONU et qui inclurait Haftar comme partie prenante dans le règlement de ce conflit. Jonathan Winer a d'autre part mis en garde contre la violation de l'embargo sur les armes imposé à la Libye.