Le Cameroun, pays organisateur de la CAN 2019, va devoir supporter un lourd fardeau avec le passage officiellement du nombre de participants à la phase finale de 16 à 24 équipes, soit 8 de plus, ce qui nécessite inéluctablement un investissement supplémentaire en termes de stades, de terrains d'entraînement et de structures d'hébergement. Un "avenant" décidé unilatéralement par le comité exécutif de la CAF, sans consultation de la partie camerounaise, sommée de surcroît, d'ici le passage de la commission d'inspection de la Confédération africaine de football, de fournir des garanties quant à une bonne organisation de la CAN 2019. Une visite annoncée par la CAF pour le mois de septembre prochain, c'est-à-dire dans deux mois. Autant dire que les autorités camerounaises ont été mise devant le fait accompli, comme si la nouvelle direction de la CAF, à sa tête, Ahmad Ahmad, prépare déjà le terrain pour un changement de domiciliation de la CAN 2019. En effet, c'est là un secret de polichinelle, le Maroc, redevenu un membre très influent à la CAF grâce à un travail diplomatique de longue haleine, ne cache pas ses envies de revanche par rapport à un certain Issa Hayatou qui l'avait privé de l'organisation de la Coupe d'Afrique, après avoir réclamé un report de la CAN 2017 en raison de la maladie d'Ebola. En fait, le Maroc risque non seulement d'hériter de la CAN 2019, mais de l'organiser en juin-juillet, soit exactement comme il l'avait souhaité en automne 2016, avant que la Guinée équatoriale n'offre une bouée de sauvetage à Hayatou. En attendant, le président de la fédération marocaine, Fouzi Lekjaa, membre du comité exécutif, a été désigné 3e vice-président de la CAF. Ce dernier conserve en outre le poste de président de la commission des finances. C'est dire que le lobbying marocain porte ses fruits. Pour l'autorité de la CAF, il faudra donc certainement repasser. Mais à voir de près, cette décision intéressée et sournoise du comité exécutif de la CAF constitue une violation flagrante du cahier des charges signé entre la CAF et l'Etat du Cameroun pour l'organisation de la CAN 2019, surtout qu'elle est intervenue sans consultation de la seconde partie signataire de l'accord. Hier, la presse camerounaise n'a pas manqué, à juste titre du reste, de relever cet état de fait et l'ostracisme de la CAF. Le lobby marocain "Nous avons convenu d'une CAN 2019 à 16 clubs, et nous nous en tenons à cet accord. Un cahier des charges a été signé. Maintenant, la CAF veut passer à 24 équipes, cela sous-entend un coût supplémentaire et des dispositions spéciales qu'il va falloir imaginer et financer. Ce n'était pas prévu en tout cas, alors il va falloir discuter, voir la faisabilité de la chose et évaluer la contribution des uns et des autres dans ce nouveau projet, mais je répète, le Cameroun sera au rendez-vous selon le cahier des charges signé avec la CAF", martèle un responsable camerounais cité par la presse camerounaise. Le Cameroun a annoncé qu'il devait préparer un site supplémentaire pour accueillir la Coupe d'Afrique des nations 2019. Le Cameroun avait retenu quatre sites : Yaoundé, Douala-Limbé-Buea, Bafoussam (ouest) et Garoua (nord). "Pour nous, Yaoundé peut abriter deux sites", a estimé Gabriel Loga, chef de la cellule de communication du ministère des Sports. "Mais nous ne connaissons pas encore le nouveau cahier des charges. Nous avions signé une convention avec la CAF sur la base de 16 équipes. Maintenant qu'on passe à 24, il appartiendra au président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) d'en tirer toutes les conséquences, toutes les exigences. Lorsque la Fécafoot aura fait ce travail, il le portera à l'attention du gouvernement", a réagi un officiel du gouvernement. En tout cas, il faut dire qu'un tel changement de système de compétition, alors que les éliminatoires de la CAN 2019 ont déjà commencé, n'est possible que dans le folklore africain. Une telle improvisation est impossible au sein de l'union des associations européennes (UEFA) ou la FIFA . L'on voit mal d'ailleurs la FIFA augmenter par exemple le nombre de participants du Mondial 2018 à une année de la phase finale. La FIFA a certes décidé d'augmenter le nombre de participants au Mondial à 48 mais à partir de l'édition 2026, soit dans neuf ans. La raison est simple : permettre aux prochains candidats à l'organisation du Mondial 2026 d'être au courant à l'avance des modalités d'organisation et des exigences du cahier des charges. La CAF, pour éviter de mettre la pression sur les Camerounais et surtout de créer toute cette suspicion, aurait dû décaler ce changement au moins pour 2021, histoire de donner le temps au pays organisateur, la Côte d'Ivoire en l'occurrence, de se préparer en conséquence. Et dire que cette décision est le résultat d'un plan de réforme inspiré par d'anciennes idoles du football africain, à l'image de Madjer, Belloumi, Badou Zaki, Joseph-Antoine Bell, Ahmed Faras, Jay-Jay Okocha, Anthony Baffoe, Mohammed Timoumi, Hossam Hassan, Patrick Mboma et Gérémi Njitap ! SAMIR LAMARI