Les retards récurrents dans le processus de mise en œuvre de l'Accord de paix ont laissé le champ libre aux groupes terroristes pour réoccuper le terrain au Mali et d'étendre leur influence dans les autres pays du Sahel. Après Alger, c'est au tour de Washington de sortir de son silence en appelant les parties maliennes à revenir à la raison et à poursuivre l'application de l'Accord de paix et de réconciliation parrainé par l'ONU. Dans une déclaration publiée dans la soirée de lundi à hier, le département d'Etat américain a appelé les parties maliennes à "redoubler d'efforts" pour mettre pleinement en œuvre cet accord de paix, issu du processus d'Alger, déplorant les "violations" répétées du cessez-le-feu au Mali. "Nous appelons toutes les parties à redoubler d'efforts pour respecter le cessez-le-feu et mettre pleinement en œuvre l'Accord de paix d'Alger", a indiqué le département d'Etat américain. Les Etats-Unis ont condamné "les violations récurrentes du cessez-le-feu qui se sont produites au Mali entre les groupes armés signataires de l'Accord de paix d'Alger de 2015" et ont déploré "l'échec des parties (maliennes) de parvenir à une paix durable". Le département d'Etat a exhorté les parties maliennes à "respecter strictement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à respecter les droits de l'homme, notamment en ce qui concerne les civils et les prisonniers". Washington s'est dit à ce propos "profondément troublé par les rapports sur les représailles et meurtres de civils au Mali ainsi que par la découverte de fosses anonymes dans les zones de conflit". "Si les allégations sont véridiques, les auteurs (des violations) doivent être traduits en justice", a affirmé le département d'Etat qui a salué, par ailleurs, les enquêtes menées par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sur ces présumées violations des droits de l'homme. L'Algérie, qui préside le Comité de suivi de l'Accord de paix au Mali (CSA), a indiqué que "ces affrontements ayant opposé des éléments appartenant à des groupes armés signataires de l'Accord de paix constituent des violations graves des termes de cet accord et affectent l'esprit d'entente qui anime les différentes parties maliennes dans sa mise en œuvre effective". Samedi, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait insisté en effet sur la nécessité pour l'ONU et les partenaires du Mali de tenir un même agenda, celui de préserver l'unité et l'intégrité territoriale et nationale de ce pays sahélien. Depuis la mi-juillet, les groupes politico-armés maliens se livrent des combats meurtriers qui ont fait plus d'une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés, selon différentes sources. Ces violences ont lieu dans l'extrême nord du Mali, notamment à Kidal et à Aguelhok, où la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) cherche constamment à garder sa mainmise face à ses rivaux de la Plateforme d'Alger (Pro-Bamako). Les menaces de sanctions de l'ONU et les tentatives de médiation de Bamako n'ont pas réussi à mettre fin aux combats, ce qui a empêché entre autres le retour de l'administration malienne à Kidal à la date du 20 juillet dernier, comme cela était prévu par les précédentes sessions du CSA. Lyès Menacer/Agences