La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) est de plus en plus isolée avec le départ de chefs de fraction, de responsables politiques et tribaux du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), qui ont rejoint la Plateforme d'Alger (pro-Bamako) hier, a rapporté la presse malienne. Les membres scissionnistes sont issus de Ber, dans la région de Tombouctou où domine le MAA. "L'Accord issu du processus d'Alger signé par la CMA et la Plateforme évoque, de façon claire, la préservation de l'unité nationale, la laïcité et l'intégrité territoriale du Mali", a déclaré le porte-parole du MAA, Sidi Mohamed Ould Mohamed, cité par la presse malienne. "C'est pourquoi nous avons souhaité faire cette déclaration devant les frères de la Plateforme avec lesquels nous comptons tout mettre en œuvre pour privilégier le combat pour la paix et le développement au bénéfice de nos populations qui ont tant souffert", a-t-il justifié, soulignant qu'"il est incompréhensible que nos populations continuent d'être instrumentalisées à travers des marches contre la République et conduites dans des conflits fratricides". Cette nouvelle scission au sein de la CMA intervient quelques jours seulement après le départ de Moussa Ag Acharatoumane, un des membres fondateurs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Ce dernier avait quitté la CMA pour lancer son propre mouvement qu'il a appelé le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA). Même s'il se montre rassembleur, le MSA semble plutôt se pencher du côté de la Plateforme, en raison des liens avérés avec le général de l'armée malienne El-Hadj Ag Gamou, réputé lui aussi d'être proche du Groupe d'autodéfense des Touareg Imghad et alliés (Gatia, membre de la Plateforme). Ce rééquilibrage des forces en présence dans le nord du Mali met certes la CMA en position de faiblesse, mais elle entraînera à coup sûr d'autres retards et difficultés dans la mise en œuvre de l'Accord d'Alger, signé à Bamako en deux phases, le 15 mai et le 20 juin 2015. Cela intervient aussi dans un contexte sécuritaire inquiétant. Lundi soir, une série de quatre attaques contre un camp de la Mission de maintien de la paix de l'ONU au Mali (Minusma) à Aguelhok (extrême nord) a fait un mort et huit blessés dans les rangs des Casques bleus tchadiens. "Selon des informations préliminaires, quatre attaques différentes ciblant le personnel et les installations de la Minusma se sont produites à Aguelhok, dans la région de Kidal, entraînant la mort d'un Casque bleu tchadien et en blessant huit autres", lit-on dans le communiqué de la Minusma, attribué au porte-parole du secrétaire général de l'ONU. Ce dernier n'a pas manqué d'afficher son inquiétude face à cette situation en affirmant que "le Secrétaire général est également préoccupé par les récentes violations des dispositions de cessez-le-feu par les groupes armés signataires dans la zone de Kidal et exhorte les parties signataires à remplir leurs obligations conformément à l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, ce qui contribuerait à restaurer la stabilité et la sécurité dans la région". L. Menacer