Résumé : Deux jours après leur passage chez Tahar, un voisin téléphone au jeune couple pour lui annoncer que ce dernier venait de trépasser. Tel un couperet, la nouvelle tombe à un moment où on l'attendait le moins. Kahina est inconsolable. Encore plus affligé que moi, Mustapha pousse un long soupir. -Nous devrions penser aux funérailles. -Oui. Je me remets à pleurer, avant de demander d'une petite voix : -Ne penses-tu pas qu'il faudra informer sa famille ? -Quelle famille ? Tahar a coupé les ponts avec tout le monde. -Tout de même, il a quelques cousins au bled, et ses enfants. -Qui ne s'occupent plus de lui depuis des lustres, et dont il n'aimait plus parler. Je dépose Rym sur un siège et reprends : -Je vais passer un filet dans la presse. Peut-être que quelqu'un aimerait assister à l'enterrement. -Quelqu'un ? Tu veux rire ? Toute la confrérie des artistes, tous ses admirateurs et tous les gens qui l'ont côtoyé seront de la partie. -Justement, je n'aimerais pas qu'on nous reproche de ne pas avoir publié cette triste nouvelle. Personne n'est encore au courant, hormis nous et ses voisins d'immeuble. Mustapha hausse les épaules. -Fais comme tu veux, moi je vais me rendre à l'hôpital pour le transfert de la dépouille. Il se gratte la tête. -Je ne sais pas si je dois ramener le corps chez nous, ou le déposer chez lui. -Il est plutôt préférable que ce soit chez lui. Personne ne connaît notre lieu de résidence, mais le sien, si. -Bien. Je t'appellerai alors dès que j'en aurai fini avec les formalités. Deux jours plus tard, après un coup d'œil d'adieu à l'artiste, une foule compacte l'accompagnera à sa dernière demeure. Mustapha avait raison. Aucun membre de la famille de Tahar ne daigna faire le déplacement du bled. Nous reçûmes cependant un petit télégramme de condoléances d'un de ses oncles, qui prétendait être trop souffrant pour assister aux obsèques. Deux semaines passent. Nous étions encore ébranlés, mon mari et moi, par la disparition subite de notre grand ami, et nous recevions encore presque quotidiennement des condoléances de certains de ses collaborateurs ou fans, qui ne croyaient pas encore à son décès. Nous étions sa famille la plus proche ! Un matin, alors que je m'apprêtais à me rendre à la rédaction, le facteur me remettra une convocation. Un notaire nous demandait, à Mustapha et moi, de nous présenter chez lui dans les meilleurs délais. Le soir venu, je mets mon mari au courant. Il parcourt la missive rapidement, puis me lance : -Nous irons voir ce notaire demain, si tu n'y vois pas d'inconvénient. Je suis sûr qu'il s'agit des dernières volontés de Tahar. Peut-être voulait-il nous remettre quelque chose à garder pour ses enfants dans le cas où ces derniers se manifesteraient. Après tout, il ne va pas les renier même après sa mort ! -Je ne sais pas, Mustapha. (À suivre) Y. H.