On suppose que Paris est soucieux de comprendre ce qui se passe à Alger, après le feuilleton Tebboune-Haddad qui, d'ailleurs, n'a pas livré tous ses secrets et est loin de connaître son épilogue. Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a rencontré, hier matin à Paris, son homologue français, Edouard Philippe. Une entrevue qui a tout l'air d'être impromptue, puisqu'elle n'était annoncée dans aucun des agendas des deux Premiers ministres. Elle revêtirait même, par certains aspects, un caractère d'urgence. En effet, cette entrevue, la première entre les deux responsables, intervient au moment où M. Tebboune était en vacances estivales dans l'Hexagone, plus exactement à Nice. Les services du Premier ministère algérien n'ont pas informé de cette rencontre, avant le départ en congé de Tebboune. Cependant, elle a été ébruitée, dès qu'elle a eu lieu. Autrement dit, après coup. Ce n'est qu'en milieu d'après-midi que les services du Premier ministre ont confirmé l'information, affirmant que "M. Abdelmadjid Tebboune a rencontré, lors de son escale à Paris, son homologue français, Edouard Philippe". Selon la même source, "durant son escale à Paris, M. Tebboune a été convié par M. Philippe à une rencontre informelle à l'hôtel Matignon". Même si rien n'a officiellement filtré sur la discussion entre les deux hommes, il n'en demeure pas moins que cette rencontre suscite moult interrogations. "Les deux hommes ont passé plus d'une heure dans les locaux de Matignon. L'entrevue s'est déroulée dans un cadre très convivial en présence de l'intérimaire de l'ambassade d'Algérie en France, Saïd Moussi", ont indiqué nos sources. Pour une première réponse, cette entrevue déclarée informelle n'est pas moins hautement importante. Paris et Alger ont certainement des choses à se dire et qui urgent. Lesquelles ? On ne sait trop. Mais on suppose que Paris est soucieux de comprendre ce qui se passe à Alger, après le feuilleton Tebboune-Haddad qui, d'ailleurs, n'a pas livré tous ses secrets et est loin de connaître son épilogue. Paris serait également soucieux de comprendre la démarche du gouvernement algérien, surtout en matière de commerce extérieur. Le système de contingentement des importations n'agrée pas les capitales occidentales qui ont plus à perdre qu'à gagner. Les dossiers liés à l'investissement, aux importations, aux échanges économiques et commerciaux ont certainement été au menu des discussions entre les deux Premiers ministres. On imagine aussi que les questions régionales, les dossiers libyen et malien, soient aussi évoquées. Cela dit, s'il n'est pas extraordinaire qu'une telle rencontre ait lieu, les contingences politiques, voire quelques autres urgences l'auraient rendue impérative. En tête des contingences, l'absence durant 9 mois d'un ambassadeur algérien de plein exercice à Paris prive Matignon d'un interlocuteur à portée de sollicitation. Une carence diplomatique à laquelle la rencontre d'hier, prise sur les vacances de Tebboune, a tenté de remédier. Dans sa lettre au président Bouteflika, le président Macron a souligné que "les prochains mois seront marqués par une série de rendez-vous majeurs qui permettront de préparer le projet de grande visite officielle que je serais très heureux et honoré d'effectuer en Algérie, au moment qui vous conviendra". La rencontre "informelle" de Matignon a dû aussi intégrer l'agenda futur des rencontres bilatérales de haut niveau. D'autant que, dit-on, avant de quitter Alger, le Premier ministre a été reçu, jeudi dernier à Zéralda, par le président Bouteflika. FARID BELGACEM