Cette rencontre a permis de réunir les producteurs locaux et de sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessaire prise en charge matérielle et financière de cette culture de montagne. Tomber de rideau, hier, sur la 11e édition de la Fête de la figue du village Lemsela, dans la commune d'Illoula Oumalou, collectivité relevant de la daïra de Bouzeguène, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Elle s'est tenue pendant deux jours, au lieu de trois, comme d'habitude. Cette édition ouverte jeudi dernier, en présence des autorités locales et d'un nombreux public surtout féminin, est dédiée au chanteur kabyle Ali Ideflawen dont les chansons sont diffusées en non-stop à travers les baffles d'une chaîne stéréo installée sous un frêne de la placette du village. Le concours de jeunes artistes devait couronner les meilleures voix de ces jeunes promus à un bel avenir. C'est à l'entrée du village, sous un chapiteau, que le ton a été donné par une troupe folklorique qui a subjugué l'assistance. Toute la foule s'est ensuite ébranlée vers le centre du village pour assister aux discours prononcés par les représentants de l'association Tighilt Lemsela, des représentants du comité du village et des élus locaux qui ont tous salué les organisateurs d'une telle manifestation et encouragé la culture et la promotion de ce fruit méditerranéen. Les représentants du village ont ensuite appelé leurs hôtes à une visite guidée à travers les stands d'exposition. À tout seigneur tout honneur, ce sont les stands des producteurs de figues et autres produits du terroir qui ont attiré le plus de visiteurs. Outre les figues enveloppées dans du papier cellophane pour être présentées au public durant ces trois jours de fête, plusieurs qualités de figues ont été offertes à la dégustation. Outre le "dekkar", une espèce de figue utilisée pour la caprification du figuier (méthode de pollinisation artificielle), il existe aussi des figues dites blanches, comme Abakur amelal, Taghanimt, Thaâmrawit, Tazerart et des figues violettes comme Abakur averkan, Ajanjar, Aghanim, Aanqiq... La visite s'est poursuivie ensuite au centre du village où d'autres exposants ont présenté d'autres produits du terroir, tels que les figues sèches, le miel et le pollen, les herbes médicinales, l'huile d'olive et d'autres produits artisanaux de couture, de poterie, de broderie et de bijoux traditionnels. Pour les initiateurs de cette fête, cette rencontre est, avant tout, un moyen de réunir les producteurs locaux et de sensibiliser les pouvoirs publics pour la prise en charge matérielle et financière de cette culture de montagne qui enregistre depuis quelques années un important regain d'intérêt. Depuis des lustres, la figue était intimement liée à l'histoire et à la culture de la Kabylie ancienne. Le figuier offre aujourd'hui de grandes opportunités de valorisation de vastes terres et d'intégration économique des régions montagneuses par la création d'emplois et de petits investissements. Il reste que sur le terrain, les producteurs de figues se heurtent à de nombreux tracas, tels que le renouvellement et l'expansion du patrimoine arboricole. C'est dire que des dispositifs de soutien de l'Etat sont plus que jamais nécessaires pour la plantation et la greffe d'arbres fruitiers spécifiques à la région. Il reste que les procédures administratives sont tellement lourdes et complexes que les paysans de la région préfèrent travailler leur terre en ne comptant que sur leurs propres moyens. Cela dit, la culture de la figue doit inciter les investisseurs à promouvoir sa commercialisation et sa labellisation et, pourquoi pas, envisager son exportation comme autrefois. KAMEL NATH OUKACI